Les Dépêches de Brazzaville



Cités et gouvernements unis d’Afrique : lancement de la campagne « Des villes africaines sans enfant en situations de rue »


La huitième édition du sommet Cités et gouvernements unis d’Afrique (CGLU Afrique) s'est tenue du 20 au 24 novembre à Marrakech, au Maroc. Elle a été un rendez-vous inédit avec huit mille trois cents participants venus de plus de soixante-dix-sept pays, dont cinquante-trois pays africains et près de trois mille élus locaux, maires et autres leaders des collectivités territoriales. C’est le plus important rassemblement démocratique en Afrique organisé sur le thème « La transition vers des villes et des territoires durables : le rôle des collectivités territoriales africaines ». « Le Sommet  Africités a donné une voix aux collectivités territoriales. Cette reconnaissance avance l’idée  que  l’Afrique locale va changer l’Afrique»,  a déclaré Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de CGLU Afrique.

Ce rassemblement a coïncidé avec la célébration du 20e anniversaire  de l’organisation des Sommets Africités dont le point important a été la présentation, devant le roi Mohammed VI, de l’hymne de CGLU Afrique composé par David André, maire de la ville de Victoria ( Seychelles) et vice-président de CGLU Afrique.

Cependant, la cérémonie de clôture de ces assises a été marquée par la lecture du message royal par son Altesse la princesse Lala Meryem  qui, à cette occasion,  a lancé officiellement la campagne panafricaine « Des villes africaines sans enfant  en situations de rue », une initiative du  Réseau des femmes élues locales d’Afrique (Reféla), commission de l’égalité des genres de CGLU Afrique, qui bénéficie du soutien de l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE) du Maroc. Vingt villes d’Afrique ont d’ores et déjà souscrit à cette campagne dont Rabat servira de ville pilote au Maroc. En effet, pour la mise en œuvre de cette campagne, trois protocoles d’accord ont été signés entre l’ONDE et l’Unicef pour le soutien de la campagne à l’international ; entre l’ONDE et CGLU Afrique pour sa mise en œuvre au niveau panafricain ; et entre l’ONDE, la ville de Rabat et quatre départements ministériels du gouvernement pour sa réalisation dans cette ville retenue comme site pilote.

Le segment politique du sommet a eu lieu le 23 novembre par une table ronde sur la diplomatie des villes, introduite par Denis Coderre, ancien maire de Montréal (Canada), avec notamment la participation parmi les panelistes de Catherine Samba-Pandza, ancien chef d’Etat de la République centrafricaine et ancienne maire de  Bangui.

Plusieurs recommandations et propositions ont émergé des cent soixante sessions qui se sont tenues en cinq jours, dans le cadre du thème général « La transition vers des villes et des territoires durables : le rôle des collectivités territoriales d’Afrique ». Elles ont toutes été soumises  aux ministres, aux maires et leaders des collectivités territoriales et aux partenaires au développement pour avis et adoption lors des rencontres des ministres, de l’assemblée générale de CGLU Afrique et de la rencontre des partenaires au développement. Le segment politique s’est conclu par la réunion de dialogue tripartite entre ministres, maires et partenaires au développement.

Les équipes dirigeantes des instances de gouvernance de CGLU Afrique ont été renouvelées à la même occasion. C’est ainsi que la ville de Libreville, représentée par son maire,  Rose Christiane Ossouka-Raponda, a été élue présidente de CGLU Afrique pour un mandat de trois ans devant s’achever lors de la prochaine assemblée générale de l’organisation prévue en 2021.

De son côté, la ville de Bagangte ( Cameroun), représentée par son maire, Célestine Ketcha-Courtes, a été reconduite comme présidente du Reféla.

"Envisager la porte du retour"

Parmi les événements spéciaux du sommet, il convient de souligner la rencontre entre les maires et élus territoriaux d’Afrique et leurs homologues d’Asie-Pacifique, notamment de la Chine et du Japon. Egalement, la rencontre entre les maires et leaders de gouvernements locaux et régionaux d’Afrique et leurs homologues noirs américains. Ces derniers ont annoncé que quatre cents ans après que le premier bateau avait quitté les rivages de l’Afrique vers les Amériques en transportant des enfants d’Afrique après leur avoir fait franchir la « Porte du non retour », il est temps d’envisager d’amorcer la vague contraire, en ouvrant à l’initiative des maires et leaders des gouvernements locaux et régionaux d’Afrique, la « Porte du retour » aux Africains-Américains des États-Unis, des Caraïbes et d’Amérique latine. Africités8 reste le bon cadre pour lancer cette mobilisation pour la route du retour. La prochaine édition Africités 9 aura lieu à Kisumu, au Kenya, en 2021. 


Charlem Léa Legnoki

Légendes et crédits photo : 

Une vue du podium des travaux/ DR