Les Dépêches de Brazzaville



Congo/ processus électoral : une élection présidentielle anticipée avant fin mars 2016


Devant l'Assemblée nationale, réunie expréssement en session plénière, le président de la Républque a annoncé la tenue, au premier trimestre de l'année prochaine, de l'élection présidentielle: " Le Conseil des ministres sera rapidement amené à convoquer le corps électoral plus tôt que prévu, afin que l'élection présidentielle se tienne dans le courant du premier trimestre de l'année 2016", a déclaré en substance le président Denis Sassou N'Guesso.
Il a justifié ce calendrier en expliquant qu’il est de bon aloi que l’élection présidentielle soit «  le tout premier acte qui consacre l’entrée effective dans la nouvelle République après le vote de la nouvelle Constitution ». L’entrée en fonction du nouveau président de la République élu marquera, a-t-il ajouté, « la césure entre les deux Républiques ». Ce qui revient à dire que la nomination du Premier ministre, chef du gouvernement, prévu par la nouvelle Constitution ne se fera qu’au terme de l’élection présidentielle pour laquelle le chef de l’Etat n’a pas déclaré, pour l’instant, s’il sera candidat.
Denis Sassou N’Guesso a indiqué en outre, que l’article 244 de la Constitution du 6 novembre met le Congo à l’abri d’un quelconque vide institutionnel. Celui-ci stipule en effet que «  Les institutions issues de la Constitution du 20 janvier 2002 (abrogée Ndlr) fonctionnent jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions sans pouvoir dépasser, pour les institutions pourvues par voie élective, l’expiration de leur mandat ».
Dans son adresse, qui a duré une vingtaine de minutes, le chef de l’Etat est revenu longuement sur les événements du 20 octobre dernier, au cours desquels des échauffourées entre les forces de l’ordre et des jeunes se réclamant de l’opposition avaient occasionné des morts, des blessés ainsi que la destruction des biens publics et privés. Le président de la République a dénoncé le caractère « absurde » de ces manifestations, qui a-t-il souligné, «  ont failli conduire notre pays au naufrage ». Denis Sassou N’Guesso a noté qu’il faut se féliciter que ces manifestations « aient été arrêtées net »,  soulignant que : « le devoir inflexible de l’Etat est d’assurer l’ordre public ». Il a, à cet effet, rendu hommage à la force publique d’avoir agi avec professionnalisme avant, pendant et après ces événements.
Le chef de l’Etat était attendu aussi sur la question de la gouvernance électorale, sur laquelle, en apparence, toutes les forces politiques sont d’accord pour sa mise en route. A ce sujet, il a considéré qu’il convient désormais de s’employer à « mettre en œuvre, avec rigueur et un suivi conséquent les recommandations ou les décisions issues des différents dialogues et concertations politiques ». Dans cette perspective a noté le président de la République, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation va élaborer un avant-projet de loi électorale définissant les nouvelles dispositions de la préparation, l’organisation et le déroulement des élections.
Au tout début de son adresse, le chef de l’Etat a rappelé les conditions du déroulement du vote référendaire du 25 octobre. Il a expliqué que la nouvelle Constitution approuvée à 94% par les électeurs à l’issue d’un scrutin qui s’est déroulé librement sur l’ensemble du territoire national en dépit de quelques tensions est dorénavant «  la nouvelle loi fondamentale du Congo qu’aucune aveugle obstination ne peut aujourd’hui remettre en cause ».

Comme le prévoit l'alinéa 2 de l'article 94 de la Constitution, à laquelle le président de la République a eu recours pour s'adresser solennellement aux députés, ce 22 décembre, son message n'a pas donné lieu à débat. Quelques réactions des dirigeants politiques ont néanmoins été receuillies au sortir du Palais des congrès, certains parlant du "fait accompli".
 


Gankama N'Siah