Les Dépêches de Brazzaville



Coronavirus : Difficile confinement au Congo


Depuis son entrée en vigueur il y a une semaine, le confinement semble ne pas préoccuper les Congolais . Si de nuit, la population  se confine à cause du couvre-feu, la journée, la plupart envahissent les  ruelles et avenues.

Dans le neuvième arrondissement Djiri, notamment au marché lycée Thomas Sankara, qui abrite la plus grande gare routière de cette partie de la ville, la situation est préoccupante. En effet, chaque matin, à partir de cinq heures du matin , l’on observe une foule immense de vendeurs et revendeurs qui viennent s’approvisionner en denrées alimentaires.

Sur le site, la vente et l’achat s’effectuent dans des conditions qui ne reflètent ou qui n’obéissent pas aux mesures-barrières édictées par le gouvernement, dans le cadre de la riposte à la pandémie du Covid-19 en vue de réduire la propagation de la maladie dont le bilan fait déjà état de cinq morts et quarante neuf cas confirmés positifs.

Au marché Mikalou tout comme à Maty et Texaco où nous sommes passés, le spectacle est quasiment le même. Des échanges commerciaux se font sans tenir compte des mesures barrières.

Dans la partie sud de Brazzaville, les mêmes principes de confinement sont aussi foulés aux pieds. Au marché Total, ainsi que dans bien d’autres marchés domaniaux de cette partie de la ville, l’ambiance est habituelle, et tout se fait comme d’ordinaire, sans craindre la contamination au  coronavirus, comme si la maladie était une vue de l’esprit.

En dehors des marchés, les ruelles et avenues sont aussi bondées de monde. Quoiqu’à pied, les artères ne dépeuplent pas à longueur de journée. Les brazzavillois et Pointenegrins  errent dans un sens comme dans l’autre, donnant l’impression des  villes mortes et non des cités en confinement.

Interrogés sur ce désintérêt, la plupart des Congolais  évoquent des difficultés d’ordre social.

« Je n’ai pas un revenu mensuel ponctuel. Je vis au quotidien grâce à ce que je fais ici. Je suis bien conscient que le corona virus existe mais je n’ai pas de choix, je suis contraint de prendre des risques pour nourrir ma petite famille », a souligné Hermann.

Tout comme son frère  Hermann, Félicia soutient la même idée. « Je n’ai pas de mari, je nourris mes deux enfants grâce au commerce. Donc, je ne peux pas me confiner pendant un mois sinon nous allons tous mourir de faim », a-t-elle  avoué.

Il faut dire que si les brazzavillois et les pontenegrins  désavouent le confinement dès la première semaine, au cours des prochains jours, la mesure sera  totalement foulée aux pieds si jamais le gouvernement n’y prend garde.  


Firmin Oyé