Les Dépêches de Brazzaville



Coronavirus : un tiers de l'humanité sommée de rester chez elle


Couvre-feux, confinements, fermetures de commerces et restrictions de déplacements se généralisent pour tenter d'endiguer une maladie contre laquelle aucun vaccin, ni aucun traitement avéré n'existent à ce jour.

Mercredi c’est l'Inde, deuxième pays le plus peuplé du monde derrière la Chine, qui a ordonné à son tour le confinement de sa population estimée à 1,3 milliard d'habitants. "Souvenez-vous que même un seul pas hors de chez  vous peut ramener la grave maladie du coronavirus dans votre foyer", a averti le Premier ministre, Narendra Modi, dont le pays recense 519 cas de Covid-19.

Aux Etats-Unis où 53.000 cas étaient officiellement déclarés, environ 40% de la population américaine est confinée chez elle ou sur le point de l'être, les restrictions variant d'un Etat à l'autre. Le président mise toutefois sur une levée "rapide" des restrictions, d'ici mi-avril pour une partie du pays. "On peut détruire un pays en le fermant de cette façon !", a critiqué le président américain, en évoquant le risque d'une grave récession. Une crainte qui a conduit la Maison Blanche et le Sénat à s’accorder dans la nuit de mardi à mercredi sur un texte destiné à mobiliser 2.000 milliards de dollars pour relancer la première économie mondiale, durement frappée par la pandémie. "Le plus vaste plan de sauvetage de l'Histoire américaine" a estimé le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. 

En Afrique, le Cameroun et le Niger ont annoncé les premiers décès liés au virus sur leur sol tandis que la Libye a annoncé le diagnostic de premiers cas. Le Mali également, qui figurait parmi les rares pays d'Afrique à ne pas avoir officiellement déclaré de cas de covid-19 alors que ses sept voisins l'avaient fait. L'apparition de la maladie y est un motif de préoccupation particulière. Des régions entières sont rendues quasiment inaccessibles aux services de l'Etat par les violences djihadistes et les conflits intercommunautaires.

Au Nigeria, de nombreux hommes politiques de haut rang, dont le vice-président et plusieurs gouverneurs, ont déclaré mercredi s'être volontairement mis en quarantaine après avoir été en contact avec deux cas positifs au coronavirus, dont le bras droit du président. "Le gouverneur Obaseki (Etat d'Edo, sud) s'est mis en quarantaine après que le gouverneur de l'Etat de Bauchi, le sénateur Bala Mohammed, et le directeur de cabinet du chef de l'Etat, Abba Kyari, ont été testés positifs" au Covid-19, a annoncé son porte-parole Crusoe Osagie dans un communiqué.

Au Sénégal, le président Macky Sall a déclaré lundi l'état d'urgence, assorti d'une interdiction stricte de circuler de 20H00 à 06H00 du matin. Mais des vidéos faisant état de violentes répressions policières ont suscité l’indignation. Treize nouveaux cas de coronavirus ont été officiellement confirmés mercredi, portant le total à 99 depuis l'apparition du virus dans le pays le 2 mars. Neuf patients ont été déclarés guéris et aucun décès n'est à déplorer.

En Chine, les restrictions drastiques imposées depuis plusieurs mois dans la province du Hubei, épicentre de la pandémie, ont été levées mercredi - sauf dans la capitale régionale Wuhan - provoquant des embouteillages et une ruée sur les trains et autocars. Aucun cas de contamination locale n'a été détecté en 24 heures dans le pays, mais 47 cas "importés" de l'étranger ont été identifiés sur cette période, selon les autorités sanitaires nationales.

En Amérique latine, la Colombie, troisième pays le plus peuplé d'Amérique latine, est entrée en confinement général obligatoire mercredi pour près de trois semaines. Le confinement est imposé jusqu'au 12 avril inclus aux 48 millions d'habitants (378 cas confirmés du covid-19, dont trois décès). La Colombie rejoint l'Equateur voisin ainsi que l'Argentine, la Bolivie, le Salvador, qui ont adopté cette restriction drastique de circulation de leurs habitants.

Quant au Brésil (2.201 cas de Covid-19 et 46 décès), le président Jair Bolsonaro guère convaincu, a pour sa part comparé les mesures de confinement à une politique de terre "brûlée".

Dans les pays européens les plus touchés comme l'Italie, l'Espagne ou la France, des hôpitaux sont au bord de l'effondrement, les personnels de santé exténués et exposés à la contagion par manque de masques et de matériel adapté. Avec une petite lueur : en Italie, une décrue du nombre de contaminations suscite de timides espoirs chez les scientifiques. 

En Iran, le gouvernement s'apprête à interdire, d'ici à vendredi, la circulation entre les villes du pays. "Les nouveaux voyages seront interdits, sortir des villes sera interdit", a martelé le porte-parole du gouvernement Ali Rabii après que le président Hassan Rohani eut annoncé la mise en œuvre imminente de "mesures difficiles" pour la population. Le gouvernement avait jusqu'ici refusé d'imposer des mesures de confinement ou de quarantaine affirmant notamment que cela risquait de provoquer un désastre dans une économie fragilisée par les sanctions américaines.


Bénédicte de Capèle avec AFP

Légendes et crédits photo : 

L'Inde et ses 1, 4 milliard d'habitants est désormais confiné à l'image de la route qui mène au hub technologique d'Electric City à Bangalore (Manjunath Kiran / AFP) Des policiers sénégalais masqués au marché au poisson de Pikine à Dakar (Seyllou / AFP)