Les Dépêches de Brazzaville



Corruption à la Céni : le Trésor américain incrimine Corneille Nangaa et son adjoint


Alors que les premières sanctions américaines infligées au président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et à ses plus proches collaborateurs n’ont pas encore été bien digérées avec, à la clé, la restriction de visa d’entrée sur le territoire américain, les Etats-Unis viennent à nouveau de frapper. Corneille Nangaa, son adjoint Norbert Basengesi ainsi que Marcellin Mukolo Basengezi (fils biologique du second) ne sont pas encore au bout de leurs peines.

L’administration américaine vient, en effet, d’enfoncer le clou en imposant de nouvelles sanctions aux trois personnalités accusées d'avoir entravé le processus démocratique en République démocratique du Congo lors du scrutin présidentiel de décembre 2018. Dorénavant, leurs avoirs sur le sol américain sont gelés jusqu’à nouvel ordre.

C’est par le biais d’un communiqué du département du Trésor américain (ministère américain des Finances), publié le 21 mars, que la nouvelle a été révélée au public. Il est reproché aux trois personnalités de s’être enrichies illicitement en surfacturant notamment pour plus de cent millions de dollars, l’achat des machines à voter et en s’octroyant des marchés sans respecter la procédure relative à leur passation. « Cette initiative fait suite à des actes de corruption répétés de la part de hauts responsables de la Commission électorale nationale indépendante et de l'ancien gouvernement Kabila (...) pour entraver et retarder les préparatifs d'élections crédibles et ouvertes » a, pour sa part, déclaré Sigal Mandelker, sous-secrétaire au Trésor pour le terrorisme et le renseignement financier. « Nous sommes aux côtés du peuple congolais qui s'est rendu aux urnes le 30 décembre, mais restons préoccupés par un processus électoral défaillant dans lequel, après l'élection présidentielle, la Céni a continué à entraver le processus démocratique et n'a pas réussi à faire en sorte que le vote reflète la volonté du peuple congolais », a-t-il ajouté.

"La Céni gangrénée par une mafia politico-financière ? "

Les charges retenues par l’administration américaine à l’encontre de Corneille Nangaa et ses deux collaborateurs donnent la mesure de la maffia politico-financière qui gangrène la Centrale électorale muée, pour le besoin de la cause, en une vache laitière destinées à satisfaire les appétits gloutons de ses responsables. Gonflement de cent millions de dollars des coûts du contrat de la machine à voter électronique dans le but d’utiliser les fonds excédentaires pour l’enrichissement personnel, fabrication des reçus pour couvrir les écarts des dépenses résultant de l’utilisation des fonds de la Céni à des fins personnelles, négociation des taux réduits et conservation de la différence par rapport au montant budgétisé afin de le répartir les excédents, financement illicite de la campagne du dauphin de Joseph Kabila à la présidentielle,  Ramazany Shadary, etc.

Il est également mis sur le dos de Corneille Nangaa et ses principaux collaborateurs les atermoiements sur la tenue des élections via des mesures visant à repousser sans cesse les échéances. Sous sa direction, en effet, les élections initialement prévues pour décembre 2016 ont été reportées à décembre 2018. Corneille Nangaa et ses deux collaborateurs auraient, selon le communiqué, « ralenti l’inscription des électeurs, facilitant ainsi le retard des élections ».   

Des allégations que rejette l’incriminé qui a plaidé son innocence dès la tombée des premières sanctions qu’il a écopées de la part du pays de l’Oncle Sam. En tout cas, à la Céni, on se veut serein dès lors que les accusations portées contre ses responsables ne sont assorties d’aucune preuve matérielle. Cependant, les détracteurs de Corneille Naanga en ont fait leurs choux gras au point d’exiger la démission pure et simple de l’équipe dirigeante de la Céni, l’annulation de toutes les élections organisées sous leur égide puisqu’entachées de corruption. Dossier à suivre.   


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Corneille Nangaa