Les Dépêches de Brazzaville



Couleurs de chez nous: Interdits, idéologie ou éducation ?


Sous le monopartisme, il y avait la fameuse loi du pionnier avec ses dix articles qui se déclinaient en autant de commandements ou impératifs. Entre autres : Obéir au parti ; Dire la vérité ; Etre économe, discipliné et travailleur ; Respecter la nature et la défendre ; etc.

Considérée par certains, à l’époque, comme un formatage de cerveaux des tout-petits, cette politique a cependant contribué à les éduquer et à faire d’eux des citoyens exemplaires qui savaient placer l’intérêt du pays au-dessus. Dans la pratique, les enfants nés entre 1960 – 1980 ne traînaient pas dans les bars ou dans la rue. Surtout pas au-delà de 20 heures par exemple.

À la maison, l’éducation prenait d’autres couleurs. S’appuyant sur les valeurs traditionnelles, elle permettait d’encadrer la vie de l’enfant et de lui éviter un comportement regrettable. Selon que l’on soit de telle ou telle autre ethnie,  il y avait des interdits voire des totems qui, eux, participaient d’un modèle d’éducation.

Une espèce animale interdite de consommation ici était plutôt prisée ailleurs. Telle variété de poisson autorisée aux hommes ne l’était pas aux femmes. Les adultes, hommes, avaient des mets qui leur étaient réservés mais interdits aux plus jeunes. Mêmes observances chez les femmes, car les jeunes pubères, par exemple, étaient surveillées dans leurs faits et gestes pour leur garantir une bonne maternité.

Anecdote : chez les peuples des plateaux où la nature est faite de collines et montagnes, il était interdit de se courber et de tenir les genoux pendant la montée. Parmi les explications : la malédiction que l’on était censé distribuer aux autres qui, derrière soi, formaient la file. À travers cette mise en scène, on peut plutôt y lire une incitation à l’endurance. Autres consignes pour les hommes et garçons : ne pas boire l’eau que l’on a ramenée du champ sur le chemin de retour ou ne pas s’asseoir sur une pierre ou une termitière. Pour cette dernière « interdiction », la crainte était de se voir pousser une hernie.

À Brazzaville, les enfants devaient se mettre à l’abri lors du passage d’un cortège funèbre tout comme il était interdit de montrer du doigt une tombe. Sans compter la chicotte qui guettait ceux des enfants qui s’écartaient de la ligne tracée. Si ce ne sont pas les parents qui s’occupaient de le redresser, un petit séjour à la « Maison commune » ne manquait pas d’impact sur le comportement du garnement. Recherchait-on une vie pieuse pour les enfants ?

Vive la totale liberté dont jouissent ceux d’aujourd’hui !


Van Francis Ntaloubi