Les Dépêches de Brazzaville



Décision de Donald Trump sur Jérusalem : un cocktail potentiellement explosif


En reconnaissant, mercredi, officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël, le président américain a marqué une rupture avec des décennies de diplomatie américaine et internationale. "Il est temps d'officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël", a martelé Donald Trump, justifiant cette décision par le fait qu'après plus de deux décennies de dérogations à une loi américaine de 1995 imposant le déplacement de l'ambassade, "nous ne sommes pas plus près d'un accord de paix entre Israël et les Palestiniens".

"J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord", a assuré le président américain, en ajoutant que les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties. Mais conscient de la vague d'indignations internationales suscitée par l'annonce de sa décision qui pourrait déstabiliser une région déjà fragile, Donald Trump a, dans le même temps, appelé "au calme, à la modération, et à ce que les voix de la tolérance l'emportent sur les pourvoyeurs de haine".

Au Congrès américain, de nombreux élus soutiennent Trump 

Aux Etats-Unis, les républicains et une partie des démocrates ont salué la décision du président américain. "Ce jour était attendu depuis longtemps", a déclaré Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, qui est allé plus loin que le dirigeant américain en qualifiant Jérusalem de capitale "indivisible" de l'Etat d'Israël. C'est "un fait historique, non sujet au débat".

C'est une loi du Congrès, en 1995, qui avait déclaré officiellement Jérusalem comme la capitale "indivisible" d'Israël, et appelé au déménagement de l'ambassade américaine avant mai 1999. Chaque président avait jusqu'à présent demandé une exemption tous les six mois. A l'époque, la loi avait été adoptée à une écrasante majorité par les élus américains.

Mais ces dernières heures, de nombreux démocrates ont dénoncé "une décision prématurée" de Donald Trump, craignant un regain de violences, notamment contre les intérêts et les personnels américains dans la région. En l'absence d'un règlement négocié entre Israël et les Palestiniens, déplacer l'ambassade américaine à Jérusalem risque d'alimenter les tensions, et de rendre la paix plus difficile à obtenir.

Imperturbable, le département d'Etat américain va lancer "immédiatement" les préparatifs pour déménager l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, tout en renforçant la sécurité pour protéger les Américains au Proche-Orient. Cela devrait toutefois prendre plusieurs années, puisqu'il faut trouver un emplacement et construire le bâtiment, avec les implications sécuritaires que cela suppose.

Dans le fond , la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël ne devrait pas changer grand-chose de concret à court terme sur le terrain diplomatique, estiment certains observateurs, mais elle réunit les ingrédients d'un nouvel accès de violence dont les conséquences pourraient être dramatiques.


Bénédicte de Capèle avec AFP