Les Dépêches de Brazzaville



Départ de Nestlé : plus de cent quarante emplois supprimés


Le projet d'implantation de l’usine Nestlé en Républque démocratique du Congo a été soumis au gouvernement central en 2009 pour l’accès aux facilités du Code des investissements, avec le concours de la Fédération des entreprises du Congo. Cette importante infrastructure, érigée à Kinshasa dans le quartier industriel de Kingabwa, a commencé à fonctionner officiellement en septembre 2012. Avec son départ anoncé, la première conséquence directe est naturellement la suppression des postes à un moment déjà critique pour le pays. En effet, dans son organisation, Nestlé Congo a mis en place un bureau administratif à Kinshasa-Gombé, un centre de distribution Kinshasa-Limeté, un centre de distribution Lubumbashi, un centre de distribution Goma. Le Groupe est aussi présent au Kongo Central ainsi qu'en province orientale et a entrepris la collaboration avec un distributeur au Congo Brazzaville.

L’on comprend que le départ de Nestlé va paralyser toute la machine, touchant par la même occasion toute l’étendue du territoire national. Cependant, le Groupe suisse promet des mesures compensatoires plus favorables que prévu par la législation du travail au plan local. Officiellement, l’on parle de cent vingt salariés concernés par cette double décision de fermer l’usine et le siège social.

L’usine Nestlé de Kinshasa dispose d’une capacité installée de sept mille tonnes alors que sa production n’atteignait même pas les 20 %. Cette marge de production n’a pas pu être suffisamment capitalisée pour répondre aux besoins des consommateurs. Sur place, Nestlé produit les produits culinaires sous la gamme de Maggi : Maggi cube, Maggi Pondu, Maggi tomates épices, Maggi oignon épices et Maggi tomates tablettes. L’essentiel de ses produits arrivait à Kinshasa et au reste du pays par importation. Le groupe achemine ainsi régulièrement les produits Nido, Nescafé, Nesquik, Nan et Guigoz. Malgré tout, ses services se sont étendus à la prospection du marché congolais, en remontant le fleuve Congo. Cette fois, c’est l’aventure qui arrive à son terme. La distribution des produits Nestlé devra donc se poursuivre à travers des tiers.

Au total, le coût d’investissement de la construction de l’usine a touché les quinze millions de francs suisses. Le départ de Nestlé marque donc un tournant dans la vie économique du pays. Comme l’explique un expert qui a requis l’anonymat, plusieurs facteurs interviennent pour la décision d’un groupe de s’installer ou de quitter un pays tiers. Il y a la situation macro-économique globale, l’importance du marché, les structures existantes et la qualité des partenaires. Le départ confirme la mauvaise santé de l’économie congolaise, avec la fermeture en cascade des entreprises dans le secteur minier, à la suite de l’effondrement des cours mondiaux des matières premières, et d’autres secteurs affectés comme la brasserie. Pour le cas Nestlé, l’on a appris que la société enregistrait des pertes depuis plusieurs années. Un dossier à suivre.


Laurent Essolomwa