Les Dépêches de Brazzaville



Des cas de « paludisme importé » en Italie


Il y a un paradoxe à découvrir que le paludisme, maladie dont l’autre appellation de malaria est précisément d’origine italienne, continue de sévir de manière endémique dans le monde alors qu’elle a été éradiquée dans la Péninsule. Avant les années 1940 le paludisme existait en Italie dans les marais (« palude » en italien) putrides (« male aria » = air puant) jusqu’aux abords de Rome et de sa région du Latium. Les médecins sont désemparés devant les cas de paludisme dont les symptômes peuvent, au départ, s’apparenter à ceux d’une banale grippe.

Le paludisme revient en force en Italie, si l’on en croit les données des scientifiques. Au cours de la dernière décennie, révèle une étude de la revue Lancet Infectious Diseases qui trace une sorte de « carte » de la diffusion du paludisme, une moyenne annuelle de 637 cas est entrée en Italie à la faveur des migrations, officielles ou non. Entre 2005 et 2015, indiquent les chercheurs, quelque 56% de cas de paludisme d’origine ouest-africaine ont pu être identifiés chez des porteurs.

Le « palu importé » en Europe est très élevé en Italie même s’il se situe en troisième place seulement, en nombre, derrière la France (2 200 cas) et la Grande-Bretagne (1 800 cas). Comme on sait, les études ont pu mettre en évidence que les souches de paludisme sont différentes d’une zone à une autre ; le paludisme d’Afrique Occidentale étant différent de celui de l’Afrique centrale. Et ceux-ci sont eux-mêmes différents de ceux qui sévissent en Asie ou aux Etats-Unis où on compte une moyenne de 1500 cas « d’importation » par année.

Le paludisme n’est pas contagieux mais pour les scientifiques, ces données soulignent une première urgence, celle de renforcer les plans nationaux d’éradication du moustique inoculateur de la maladie. C’est une priorité et la concertation devient d’autant plus nécessaire que l’expansion des vols commerciaux rapides ne permet plus de parler du paludisme en terme seulement de maladie tropicale.

« L’architecture des routes aériennes, les liens historiques, la démographie des voyageurs et les épidémies locales sont les principaux facteurs qui contribuent au transport du parasite », soulignent les scientifiques. En clair, il n’est plus nécessaire de déceler la présence de l’anophèle, le moustique qui transmet le paludisme à l’homme pour agir contre la maladie. Les moyens d’investigation et les médicaments de lutte ou de prévention deviennent nécessaires partout.


Lucien Mpama