Les Dépêches de Brazzaville



Différend RDC-Zambie : un haut diplomate zimbabwéen choisi comme médiateur


L’ambassadeur Manzou a été le plus haut représentant du Zimbabwe auprès de l’Union européenne. Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, préside l’organe de la Sadc sur la coopération politique, de défense et de sécurité. Le porte-parole du président Mnangagwa, M. George Charamba, a déclaré au Southern Times que le président zimbabwéen a désigné l'ambassadeur Manzou pour traiter le différend frontalier entre la RDC et la Zambie. « Je crois comprendre qu'il fait des efforts pour gérer le conflit avec diligence. Ils se sont réunis lundi de cette semaine et je peux vous dire que des progrès importants ont été accomplis jusqu'à présent en termes de recherche d'une solution à l'amiable au différend », a déclaré le porte-parole.

La RDC et la Zambie se disputent le contrôle d'un terrain de treize kilomètres carrés à leur frontière, dans les provinces du Tanganyika et du Haut-Katanga. Depuis plus de deux mois, les soldats zambiens ont fait irruption sur le sol congolais. Tout en mobilisant les Fardc, Kinshasa disait privilégier dans un premier temps la voie diplomatique pour obtenir leur retrait. Mais la RDC a renforcé sa présence militaire dans la région, provoquant des affrontements entre les soldats des deux pays.

Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires a déclaré que les affrontements avaient entraîné le déplacement de centaines de personnes à Moba. Le 11 mai, le président de la RDC, Felix Tshisekedi, a envoyé à Harare la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Marie Nzeza, pour demander à Emmerson Mnangagwa, président de l’organe de la Sadc sur la coopération politique, de défense et de sécurité, d’intervenir dans le différend. Et ce dernier a présenté la question à ses homologues de la région.

En juin dernier, la Sadc avait présidé une réunion des états-majors des armées de la RDC et de la Zambie afin de d’obtenir le retrait des troupes zambiennes du sol congolais. «Les deux pays reconnaissent qu'ils sont membres de la Sadc et qu'ils doivent coexister pacifiquement. Des différends surgiront toujours autour des frontières, mais l'essentiel est toujours de trouver des moyens pacifiques de les résoudre. Dans cet environnement Covid-19, le moins que nous puissions nous permettre  est une accentuation de la crise en important un autre problème de nature militaire. La bonne chose est que les deux pays sont prêts à parler », a déclaré George Charamba au Southern Times.

Une tentative de régler le problème a eu lieu en 1989 lorsqu'un traité a été signé entre les présidents de l'époque, le zambien Kenneth Kaunda et le Congolais Mobutu Sese Seko, et des balises ont été placées le long de la frontière comme marqueurs.Cependant, les affrontements frontaliers se sont poursuivis et les deux pays doivent encore trouver une solution durable au différend, rappelle le média.

De tels différends frontaliers sont courants en Afrique : Botswana/ Namibie, Nigéria/ Cameroun, et le Malawi/Tanzanie, etc. Cela est dû aux ambiguïtés créées par des frontières arbitrairement dessinées au moment de la partition de l'Afrique. Le Botswana et la Namibie se sont déjà disputés l'île de Kasikili / Sedudu sur la rivière Chobe qui borde les deux pays. La  médiation de ce différend avait également été assurée par le Zimbabwe et l’affaire a été réglée par la Cour internationale de justice en 1999 lorsqu’il a été décidé que l’île appartenait au Botswana.


Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

James Manzou