Les Dépêches de Brazzaville



Ebola : les premiers tests du vaccin italien jugés fiables et prometteurs


Développé par le groupe multinational GSK et produit près de Rome, le vaccin du laboratoire italien Okairos contre Ebola a été soumis aux États-Unis, d’abord à des singes puis à une vingtaine de personnes saines. Les résultats sont concluants, selon l’avis publié dans la presse spécialisée par l’Institut national américain contre les allergies et les maladies infectieuses (NIAID). 

Les tests ont dégagé « un profil de sécurité encourageant. Même à de fortes doses, la réponse immunitaire est comparable à celle obtenue sur les primates », a indiqué le Dr Anthony Fauci, directeur général du NIAID. Le vaccin italien est élaboré à partir d’une souche de virus prélevée chez le singe puis inoculée chez l’homme. Son essai à grande échelle va démarrer dans les prochains jours en Afrique de l’Ouest. Ces développements très encourageants interviennent alors qu’un médecin italien œuvrant en Sierra Leone pour le compte de l’Organisation humanitaire Emergency et contaminé au virus est en soins dans un hôpital spécialisé près de Rome. Il avait été rapatrié mardi en avion militaire médicalisé. Le dernier bulletin de santé publié jeudi indique que le malade est serein et dans un état stable. « Aucun nouveau symptôme n’est apparu » sur lui depuis qu’il est sous administration d’une médication expérimentale comme tous les malades du virus aujourd’hui.

Dans tous les cas, l’optimisme des autorités italiennes était palpable, jeudi matin à Rome, aussi bien concernant ce malade que pour le cadre général de gestion de cette épidémie contre laquelle l’Italie se dit bien préparée. « Nous restons très proches du médecin (infecté) qui affronte cette phase de la maladie avec grand caractère », a indiqué Mme Beatrice Lorenzin, la ministre italienne de la Santé. « Nous suivons de très près toute l’activité médico-sanitaire ainsi que la mise en œuvre des procédures de sécurité qui sont à leur plus haut niveau » autour du malade, a-t-elle dit. « Nous avons demandé et reçu tous les médicaments nécessaires » pour soigner le médecin infecté. L’Italie entend rassurer l’opinion aussi bien sur l’efficacité des protocoles conduits que sur la protection générale d’une possible contagion.

Mais son action se développe aussi vers l’extérieur, encourageant notamment les personnels volontaires de santé à aller donner un coup de main dans les hôpitaux et centres des pays touchés par le virus Ebola en Afrique de l’Ouest. « Tous ceux qui souhaitent partir n’ont qu’à en faire la demande à la Farnesina (ministère italien des Affaires étrangères). Le ministère de la Santé les mettra en situation de mise en disponibilité », a encore indiqué Mme Lorenzin. Il faut dire que le virus cause un grand dommage aussi aux affaires. Depuis l’éclatement de l’épidémie en Afrique de l’Ouest, l’Italie affirme avoir perdu 2 milliards d’euros dans les échanges commerciaux avec l’Afrique. « Ce chiffre concerne tous les pays, et pas seulement ceux qui sont touchés par le virus. Pour vous faire une idée, le volume des échanges avec un pays comme le Nigéria se situe justement à deux milliards par an », a dit Alfredo Cestari, président de la chambre de Commerce à Rome. 

Selon lui, ce sont tous les pays et tous les secteurs qui sont affectés. Même le Kenya ou l’Ouganda, à des milliers de kilomètres du principal foyer d’infection, ont enregistré une réduction de voilure de la part des entrepreneurs italiens. Contrats annulés à la dernière minute, chantiers à l’arrêt, rapatriement de coopérants : le tableau dépeint par la conférence Ital’Africa au début du mois à Rome est peu reluisant. Mais l’Italie s’emploie activement à faire en sorte que l’Afrique ne soit pas isolée sous prétexte de risque de contagion.


Lucien Mpama