Les Dépêches de Brazzaville



Élection de Félix Tshisekedi à la présidentielle : les États-Unis et la Belgique toujours réticents


Aucune déclaration officielle des deux capitales n’a encore été enregistrée à la veille de l’investiture du nouveau chef de l'État élu de la RDC. Ce qui laisse perplexe maints observateurs lorsqu’on sait que les États-Unis et la Belgique comptent parmi les partenaires privilégiés au développement avec lesquels la RDC a toujours coopéré. Dans le cas d’espèce, cette situation traduit le malaise qu’inspire justement la crédibilité de la présidentielle ayant porté Félix Tshisekedi à la tête du pays.

La Belgique, dont les relations diplomatiques avec la RDC sont pour l’heure au plus bas, continue d’émettre des doutes par rapport aux résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante créditant Félix Tshisekedi de 38 % des suffrages contre 34,8 % pour Martin Fayulu. Même après leur validation par la Cour constitutionnelle, Bruxelle affiche toujours une position illisible. « On aurait préféré évidemment que le processus se déroule avec plus de transparence, plus d'ouverture sur la vérification exacte des résultats », avait réagi Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères. Il ajoutait : « Maintenant, il faut voir quelle sera la réaction des Congolais et aussi de la région. On a vu que l'Union africaine (UA) suivait le dossier de très près. Nous allons donc continuer à travailler avec elle pour voir si la crédibilité des élections peut être reconnue ou non par l'UA ». L’organisation panafricaine, quant à elle, n’a fait que prendre note du verdict de la Haute Cour, sans en dire plus.  

À Washington, l’élection de Félix Tshisekedi à la tête de la RDC semble ne pas émouvoir Donald Trump et sa cour qui, jusqu’à ce jour, sont restés motus et bouche cousue. L’unique réaction enregistrée jusque-là est celle, à titre personnel, de Chris Smith, l’ancien président de la Chambre Afrique du parlement américain et doyen de la délégation de l’État au Congrès. Cet officiel américain a plaidé, dans une déclaration publiée le 21 janvier, pour des sanctions à infliger aux personnes impliquées dans la fraude électorale en cas d’investiture de Félix Tshisekedi. Il met en garde contre l’installation cette semaine du nouveau président élu malgré les résultats obtenus car, d’après lui, le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social aurait été élu au terme d’un arrangement avec le président sortant, au détriment de Martin Fayulu, qui constituerait le vrai choix des Congolais. « Les appels à une élection libre et juste en République démocratique du Congo n’ont pas été écoutés par le régime de Joseph Kabila. Des observateurs indépendants ont fourni suffisamment de preuves pour montrer que Martin Fayulu avait remporté les élections. Pourtant, en raison d’un marché apparemment corrompu, Tshisekedi est proclamé vainqueur et ratifié par une Cour constitutionnelle », a fait observer ce républicain et représentant du quatrième district du New Jersey à la Chambre des représentants des États-Unis. Sur un autre ton, plus modéré, il appelle les parties prenantes au processus électoral en RDC à s’abstenir de la violence durant cette période et, surtout, à veiller à ce que leurs actions n’aggravent pas les souffrances du peuple congolais.

Notons que la Russie, par le truchement de son ministre des Affaires étrangères, a salué la victoire électorale de Félix Tshisekedi tout en comptant sur une coopération constructive avec les nouveaux dirigeants de la RDC afin de renforcer l’amitié et le partenariat traditionnels entre les deux pays et d’approfondir la coopération russo-congolaise dans les domaines politique, économique et humanitaire. Outre la Russie, deux autres membres du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment la France et la Chine, ont déjà salué la victoire de Félix Tshisekedi comme nouveau président élu de la RDC.    


Alain Diasso