Les Dépêches de Brazzaville



Environnement : la France entend lutter contre la déforestation tropicale


La France mise sur les engagements volontaires, plutôt que sur des contraintes réglementaires ou fiscales, pour mettre fin, d’ici à 2030, à la déforestation causée par ses importations de produits forestiers ou agricoles « non durables ». Le 14 novembre, le ministère de la Transition écologique a dévoilé la stratégie nationale finale qui comprend au total dix-sept mesures.  

Pour rappel, le projet de stratégie a été soumis à consultation du public en juillet dernier. Plus de deux mille cinq cents contributeurs y ont participé. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre du plan climat du quinquennat d’Emmanuel Macron, adopté en juillet 2017. Le plan biodiversité, présenté en juillet 2018, prévoit aussi de réduire puis de stopper d’ici à 2030 l’impact des importations françaises sur les phénomènes de déforestation et de changement d’affectation des sols indirect. La stratégie a été élaborée avec les ministères de l’Agriculture, de l’Economie, des Affaires étrangères et de la Recherche. Le gouvernement l’a publié, après les derniers chiffres alarmants des ONG WWF et Envol vert sur la contribution des produits importés français à la déforestation mondiale. Selon le WWF, en cinquante ans, les Français auraient déforesté l’équivalent de la surface de la France métropolitaine.

Le ministère rappelle que les pays européens sont responsables de plus d’un tiers de la déforestation mondiale. L’objectif de la stratégie est d’engager l’ensemble des acteurs (pays producteurs, entreprises, investisseurs, consommateurs) à modifier leurs comportements pour diminuer leurs impacts sur la forêt.

La stratégie porte dans un premier temps sur l’importation des produits agricoles qui contribuent directement ou indirectement à la déforestation, comme l’huile de palme, le soja, le cacao, la viande bovine ainsi que l’hévea (arbre à caoutchouc), le bois et ses produits dérivés. Les plans des filières agricoles (élevage, huiles et protéines végétales), établis dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation, seront incités à intégrer en 2019 l’objectif de « zéro déforestation ».Ces filières ont pour ambition d’atteindre l’autonomie en protéines végétales d’ici à 2030 pour nourrir l’élevage bovin. D’ici au premier trimestre 2020, ces filières seront appelées à adopter des objectifs et des mesures de lutte contre la déforestation, en précisant leurs délais de mise en œuvre.

Les filières proposeront, le cas échéant, des engagements pour la croissance verte et travailleront à la mise en place de la traçabilité des lots. Pour le cacao et l’hévéa qui ne sont pas couverts par des plans filières existants, un plan de filière sur la déforestation importée spécifique sera constitué en 2019.

Le projet de loi sur l’agriculture, adopté définitivement le 2 octobre dernier par le parlement français, prévoit aussi que l’Etat se dote d’une politique d’achats publics « zéro déforestation » à l’horizon 2022.

Collaborer avec les pays producteurs

Le gouvernement français mise également sur la diplomatie avec les principaux pays producteurs, comme la Malaisie et l’Indonésie, qui ont menacé de mettre fin à leurs commandes militaires. La France privilégie le levier de la coopération internationale, pour favoriser une offre de produits « durables ». Elle mobilisera l’aide publique au développement des programmes d’investissements de l’Agence française de développement (AFD), pour soutenir des projets dans les pays exportateurs. Au cours des cinq prochaines années, l’AFD consacrera soixante millions d’euros par an, pour des projets concourant à la gestion durable, à la lutte contre la déforestation et au reboisement.


Boris Kharl Ebaka