Les Dépêches de Brazzaville



Epidémie : le chikungunya sévit à Kinshasa


Cela fait plusieurs mois déjà depuis que la maladie à virus chikungunya est présente à Kinshasa. Partie du Kongo central où elle a réapparu, grâce aux alertes lancées par des laboratoires spécialisés de la province, la maladie a finalement étendu ses tentacules jusqu’à Kinshasa où elle s’est vite propagée, facilitée par l’environnement insalubre de la ville-province.

Les agents vecteurs que constituent les moustiques aèdes sont déjà à l'œuvre dans la capitale et plus particulièrement dans la commune de Mont Ngafula, dans la périphérie ouest, qui paie le prix de sa promiscuité avec le Kongo central. La confirmation avait été faite par Jean-Jacques Muyembe, le directeur général de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB). Aujourd’hui encore, des cas continuent à être signalés dans cette partie de la capitale mais aussi dans les communes de Ngaliema, Selembao et Ngiri-Ngiri.

Non listée pour être mise sous surveillance, la maladie à virus chikungunya continue de sévir à Kinshasa sous le regard désintéressé des autorités qui tardent à la déclarer publiquement. Et pourtant, chaque jour qui passe, des patients atteints par ce virus inondent les centres de santé en quête d’une thérapie du reste à inventer. En effet, la maladie est jusqu’à ce jour sans vaccin ni traitement approprié et n’est traitée que par ses symptômes : fébrilité, forte fièvre, maux de tête, arthralgies, c’est-à-dire des douleurs fortes et persistantes aux articulations. Elle prend sept à dix jours d’incubation avant de se manifester et est diagnostiquée suivant son évolution. Non mortelle, elle peut toutefois l’être si elle trouve d’autres maladies dans le corps infecté.

Vu sa persistance et son ampleur à Kinshasa, les autorités sont appelées à prendre des mesures d’encadrement pour contenir son effet dévastateur. Les spécialistes exhortent le gouvernement à engager une « lutte vectorielle » et un contrôle de la population vectorielle afin de maintenir des densités de vecteur sous un seuil ne permettant pas la transmission du virus à grande échelle. A ceci s’ajoutent des mesures préventives telles que l’assainissement des milieux domestiques et éducatifs, et des mesures d’urgence comme la pulvérisation d’insecticides. Il a, en effet, été prouvé que la proximité des sites de reproduction des moustiques avec l’habitat humain est un facteur de risque très significatif.

Découvert depuis 1963 en Tanzanie et tirant son nom de la langue swahili, la position « courbée » que prend une personne atteinte de cette maladie, le chikungunya est apparu pour la première fois en République démocratique du Congo en 1958, dans les territoires de Doruma (Haut-Uele) et Gemena (Sud-Ubangi). Elle est réapparue en décembre 2018.

 


Alain Diasso