Les Dépêches de Brazzaville



Etats-Unis/Corée du Nord : Donald Trump et Kim Jong-un vont-ils en découdre?


Tout les sépare. Le président américain, Donald Trump, 71 ans, élu en 2016 et au pouvoir depuis le 20 janvier dernier est un richissime homme d’affaires. Il s’est frayé le chemin en politique en prenant tout le monde de vitesse pour se hisser à la tête de l’Etat le plus puissant du monde. Au point que ses détracteurs, à commencer par son prédécesseur, Barack Obama, n’hésitaient pas à lui denier les qualités d’assumer la fonction suprême. Au cours de la campagne pour la présidentielle américaine en novembre 2016, Obama encore populaire auprès de ses compatriotes, s’était alors attaché à défendre la candidature d’Hillary Clinton. Sans parvenir à reporter sur son ancienne secrétaire d’Etat les voix des Américains de tous les âges qui lui témoignaient encore une grande considération.

Depuis huit mois qu’il habite la Maison Blanche, Trump est toujours sur le feu des projecteurs de l’actualité, à peu près comme lors de la campagne électorale, quand ses faits et gestes étaient scrutés avec attention par les médias et ses adversaires. L’homme faisait le buzz pourrait-on dire, tant ses déclarations et ses prises de positions suscitaient à la fois l’admiration de ses partisans, que le doute de ses objecteurs. Et les observateurs de la scène américaine, les spécialistes des relations internationales se perdaient parfois en conjectures. Il est vrai que Donald Trump n’a pas changé sa façon de communiquer. Il twitte abondamment, se méfie des médias, souffle chaud et le froid en toutes choses : Chine, Russie, Cuba, Iran, Israël, UE, Otan, Corée du Nord, Mexique, Venezuela, etc. Il commente les relations avec ces pays et entités, gardant toujours pour soi la primeur de durcir le propos, et en même temps de l’adoucir.

Le dirigeant Nord-Coréen, Kim Jong-un, 34 ans en poste depuis mai 2016, est le produit d’un pouvoir qu’il a hérité de son défunt père, Kim Jong Il. Ce dernier ayant à son tour succédé à son père, Kim Il Sung, après son décès en 1994, dans le genre de succession qui, sans avoir besoin d’être officiellement décrétée, laisse dire qu’elle est à qui voudrait le savoir d’ordre héréditaire. C’est bien peut-être cet aspect qui échappe à l’idéologie communiste qui guide l’action du régime de Pyongyang. Pour le reste, on peut dire que depuis la fondation de la République populaire et démocratique de Corée en 1953, les soixante-quatre dernières années ont été mises à contribution par les autorités de ce pays pour consolider le choix de son guide bien aimé. En apparence, si on dit de la Corée du Nord qu’elle est le pays le plus isolé au monde, ou rien ne « marche » vraiment ? il est une chose qui saute aux yeux : Pyongyang a une marge de manoeuvre dans la course aux armements, à l’instar de toutes les puissances occidentales et asiatiques.

Depuis qu’il est à la tête de son pays, Kim Jong-un se plaît particulièrement de montrer aux yeux du monde, peut-être à ceux de son voisin du Sud (la Corée du Sud), qu’il ne se laissera pas impressionner. A leurs frontières communes, évidemment, stationnent des dizaines de milliers de soldats américains. Les Nord-Coréens redoutent que l’Oncle Sam, allié du Sud et du Japon tout à côté, ne les encercle et en fasse une bouchée en cas de conflit. Est-ce pour cela, que le Nord a choisi de tirer un missile « matin et soir », comme s’il voulait dire à ses « ennemis » qui s’entraînent  eux aussi « matin et soir » dans le pourtour de ces mêmes frontières, que moi aussi j’ai une capacité de dissuasion nucléaire qu’il faut prendre au sérieux ? Dans ce cas précis, les deux parties ne sont-elles pas à classer dans la catégorie des faiseurs de guerre ?

Apprécions néanmoins la teneur de l’escalade verbale que Washington et Séoul ont mise en route ces jours-ci, pour voir combien les deux capitales, ont malgré tout, des points de ressemblance. Quand Trump promet d’infliger à la Corée du Nord les peines que le monde n’a jamais vécues, on se demande par exemple si l’idée n’est pas de l’effacer de la carte de la Terre. On peut imaginer tout de même que les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki étaient des pires horreurs. Quand Kim Jong-un avertit la « grande » Amérique qu’elle regrettera si elle franchit le pas, on peut se demander ce qui peut être dans l’ordre du possible de ce point de vue au regard du déséquilibre de forces entre ces deux pays. Ceci dit, l’escalade en cours est prise au sérieux par les pays sérieux.

Une chose étonne cependant. Au regard du remue-ménage qu’ils créent dans le champ des relations internationales on a l’impression que le président américain, Donald Trump et son homologue Nord-Coréen, sont au pouvoir depuis très longtemps. Ils ne le sont pourtant qu’il y a peu, mais pèsent lourdement sur la quiétude de la Planète Terre. Troublant !


Gankama N'Siah