Les Dépêches de Brazzaville



Exil : Jean-Pierre Bemba exige des garanties sécuritaires pour son retour au pays


Après Moïse Katumbi  qui vient d’obtenir gain de cause de sa requête pour récupérer son passeport biométrique auprès de l'ambassade de la République démocratique du Congo en Belgique - chose faite depuis le 1er mars, ce qui balise la voie à son retour imminent au pays -, c’est au tour de Jean-Pierre Bemba de tempêter pour que les conditions sécuritaires liées à son retour lui soient garanties.

Présenté aujourd’hui comme un exilé politique, le leader du MLC fait partie désormais des Congolais devant bénéficier de l’ouverture prônée par le nouveau régime. Celui-ci voudrait, en effet, voir tous les fils et filles du pays contraints à l’exil par le pouvoir sortant revenir au pays au nom de la décrispation afin de participer à son développement. Lors de son discours d’investiture, le président Félix Tshisekedi en avait fait clairement mention en citant, entre autres, Jean-Pierre Bemba comme éligible à un retour sans anicroche au pays de ses ancêtres.

Dans sa dernière intervention médiatique, la secrétaire générale du MLC a confirmé que le sénateur Jean-Pierre Bemba, récemment acquitté par la Cour pénale internationale, ne faisait pas l’objet d’une quelconque poursuite judiciaire en RDC. Il a simplement été contraint à l’exil forcé du fait de la non-jouissance de son droit à l’habitat. En août 2018, lorsqu’il avait regagné le pays, il avait l’intention d’y rester le plus longtemps possible avec sa famille, a fait savoir Eve Bazaïba qui stigmatise, par ailleurs, le traitement dégradant infligé à son leader par les autorités de l’époque. Interdit d’accéder à la résidence de ses parents, dans la commune de la Gombe, Jean-Pierre Bemba et sa famille étaient bien obligés de passer la nuit à la belle étoile, vu que tout leur patrimoine familial était sous occupation.

C’est au regard des injustices et autres abus subis lors de son dernier passage à Kinshasa que le leader du MLC a finalement décidé de s’installer en Europe, sans espoir d’un retour immédiat. Il voudrait ainsi capitaliser l’alternance obtenue au sommet de l’Etat avec l’avènement de Félix Tshisekedi qui, déjà, se montre flexible au sujet de son retour. Reste alors les garanties de sécurité que réclame Eve Bazaïba qui ne veut pas que le scénario du mois d’août soit répété. Elle affirme avoir écrit au président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, à qui elle a transmis les doléances de son président, notamment sur son droit à l’habitat. Une correspondance restée lettre morte. Et tant que les garanties sécuritaires au bénéfice de Jean-Pierre Bemba ne seront pas trouvées, il y a fort à parier que ce dernier puisse prolonger son séjour à l’étranger.  


Alain Diasso