Les Dépêches de Brazzaville



Fonds monétaire international: une mission d’évaluation de la gouvernance attendue à Kinshasa


Sauf un changement de dernière minute, une mission d’évaluation de la gouvernance des services du Fonds monétaire international (FMI) devrait arriver en octobre à Kinshasa. Le dernier communiqué de cette institution financière internationale datant du 5 septembre l’annonce officiellement. A ce jour, cependant, le pays ne communique pas systématiquement sur tous les contrats concernant l’industrie minière, le pétrole et la sylviculture. « Il est indispensable de lancer les appels d’offres pour les actifs miniers, de publier tous les contrats miniers, de divulguer la véritable propriété des parties contractuelles et de publier régulièrement les états financiers audités des entreprises publiques »,  indique-t-on.

Outre l’application plutôt partielle du décret de 2011, le communiqué indique d’autres recommandations, dont l’absence d’information sur les états financiers de certaines entreprises publiques, l’urgence de promulguer les lois de lutte contre la corruption et de création d’une commission indépendante de lutte contre la corruption, etc.

Évaluation du conseil d’administration

Dans cette correspondance, le FMI annonce officiellement la fin des consultations de 2019 au titre de l’article IV avec la République démocratique du Congo. En effet, conformément à ses statuts, l’institution financière internationale procède chaque année à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission de ses services se rend dans le pays pour recueillir des données économiques et financières, et s’entretenir avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.

Au niveau de l’évaluation du conseil d’administration de la dernière mission des experts de cette institution, il en ressort que les administrateurs ont souscrit totalement à l’orientation générale de l’évaluation effectuée par les services du FMI. Ils ont félicité les autorités congolaises pour avoir mené une politique macro-économique prudente qui a contribué à réduire l’inflation et à stimuler une reprise après la chute des prix à l’exportation en 2016-2017. Mais les plus grands problèmes du pays demeurent : pauvreté omniprésente, perspectives exposées à des risques (cas de l’épidémie d’Ébola). La reprise du dialogue entre la RDC et le FMI ne pouvait pas mieux tomber, ont-ils insisté. « La RDC a besoin d’aide de la communauté internationale des bailleurs de fonds et d’une assistance pour renforcer ses capacités », ont dit les services du FMI. 

Par ailleurs, l’on ne note aucune référence concrète sur un programme futur mais le conseil d’administration invite simplement le pays à préserver la viabilité de la dette, à s’abstenir des emprunts coûteux et des prêts garantis et à établir une stratégie d’apurement des arriérés intérieurs.

Au niveau des prochains défis, les administrateurs ont souligné la nécessité d’accroître les recettes intérieures afin de financer les besoins de développement et sociaux urgents. Sur ce point, il faut noter certaines inquiétudes du FMI sur le risque pour le pays de mobiliser des recettes bien en-deçà de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne en dépit de l’impact positif du nouveau code minier. Les causes sont bien connues : prolifération des taxes et institutions chargées de l’impôt, étendue des exonérations fiscales, étroitesse de l’assiette de l’impôt, frontières longues et poreuses, etc.

Pour les administrateurs, le pays doit s’assurer de la réduction des exonérations, de l’élargissement de l’assiette de l’impôt, de la simplification du système fiscal, de l’amélioration de l’administration de l’impôt et du meilleur contrôle des frontières. D’autres recommandations s’ensuivent, notamment l’amélioration de la gestion des finances publiques, le réalisme dans les projections de recettes et des dépenses, le rétablissement de la chaîne de la dépense, la limitation de l’usage des procédures de dépenses d’urgence, l’amélioration du cadre de politique monétaire, l’accroissement des réserves de change, la recapitalisation de la Banque centrale,  l’alignement du projet de loi bancaire sur les normes internationales, la rationalisation de la fonction publique et l’amélioration de la rémunération.  Nous y reviendrons.


Laurent Essolomwa