Les Dépêches de Brazzaville



Football : Ibenge évoque le manque des top joueurs congolais


L’ancien sélectionneur des Léopards de la République démocratique du Congo (RDC), Florent Ibenge, a été quelques jours auparavant objet des critiques acerbes sur sa gestion de la sélection de la part de ses deux poulains, notamment l’ancien Youssouf Mulumbu et le latéral gauche Arthur Masuaku. Le premier stigmatisait les « choix bizarres » de Florent Ibenge, tandis que le second employait des termes bien plus durs (parodie, blague).

Quelques jours après ces critiques qui ont enflammé la toile, Florent Ibenge s’est exprimé sur la sélection qu’il a dirigée pendant cinq ans. Il a précisément évoqué le manque des top joueurs qui a été à la base de la non-qualification de la RDC à la Coupe du monde Russie 2018. L’on se souvient que les Léopards ont loupé de près leur qualification après le résultat d’égalité de deux buts partout à Kinshasa contre les Aigles de Carthage de la Tunisie en avant dernière journée des éliminatoires. Et pourtant, l’équipe dirigée par Florent Ibenge menait par deux buts à zéro à une dizaine de minute de la fin de la partie. « Il faut reconnaître qu’il manque à la RDC des top joueurs, des footballeurs qui jouent au plus haut niveau au FC Barcelone, à Manchester City, au Real, Liverpool, au Manchester United entre autres clubs », a indiqué l’ancien sélectionneur répondant à l’invitation de la plate-forme des journalistes African Football United.

Pour lui, le fait de passer à côté d’une victoire qui valait quasiment une qualification pour le Mondial a été un échec partagé entre le manque d’organisation et le manque des top joueurs. « Si nous avons manqué la qualification, c’est parce qu’il nous manque des choses en termes d’organisation et des top joueurs », a insisté Florent Ibenge. L’on rappelle que les Léopards de la RDC ont remporté la médaille de bronze à la Coupe d’Afrique des nations en Guinée équatoriale en 2015. Par ailleurs, il a conduit les Léopards locaux à la victoire finale au Championnat d’Afrique des nations en 2017 au Rwanda. Il a finalement rendu sa démission en 2019, après cinq ans passés à la tête du staff technique national. L’ancien capitaine des Léopards Youssouf Mulumbu a d’ailleurs reconnu, dans sa deuxième intervention, que lors de ses critiques sur la gestion de la sélection par Florent Ibenge, qu’ « en aucun cas, il était question d’enlever nul mérite de son apport en équipe nationale ».

Parlant de sa politique de convaincre les binationaux, il a signifié : « Ce que j’ai pu réussir, c’est de tenir un discours vrai et honnête envers les binationaux. Je leur ai bien expliqué que la RDC, ce n’est ni la France, ni la Belgique, ni l'Allemagne, ni les Pays-Bas et encore moins l’Angleterre. Si on accepte, on doit venir avec un grand cœur et partager l’expérience parfois difficile. Malgré les conditions, on doit accepter et ne pas pleurer (…) quand quelque chose manque. Chacun doit faire un pas vers l’autre, des deux côtés. D’où tu viens, quand on arrive en sélection, on repart à zéro, c’est le terrain qui doit parler qu’on soit local ou expatrié. C’est une forme de méritocratie ».

Florent Ibenge a aussi abordé l’opportunité loupée de devenir sélectionneur de la Guinée, où l’on a finalement préféré au Français Didier Six. Parlant de la France, Florent Ibenge a évoqué la tendance à refuser de confier la direction du staff technique des clubs aux entraîneurs d’origine africaine. « J’ai postulé mais il n’y a pas de proposition, est-ce du racisme, je ne sais pas mais ce qui est sûr, les gens ne sont pas prêts. On ne vous propose que des équipes de jeunes. Etre Noir ou Maghrébin n’empêche pas de pouvoir réfléchir et diriger. Est-ce que cela veut dire que nous sommes bons tout juste pour exécuter pas pour commander ? » a conclu avec regret l’entraîneur principal de l’AS V.Club.


Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Florent Ibenge