Les Dépêches de Brazzaville



Gabon : le vice-président et le ministre des Forêts limogés


L’annonce a été faite le 21 mai dans un communiqué de la présidence. « Par décret du président de la République, il est mis fin aux fonctions du vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou. Il est aussi mis fin aux fonctions du ministre des Forêts et de l'environnement, chargé du plan climat, Guy-Bertrand Mapangou », a annoncé la présidence, tout en rappelant que le poste de vice-président de la République avait été restauré en 2017 et confié à Pierre Claver Maganga Moussavou, un partisan de l’opposition et candidat malheureux à la présidentielle de 2016.

En effet, parmi les raisons évoquées de ce limogeage, figure l’affaire de trafic de bois précieux interdit d'exploitation. Car, selon certaines sources de la présidence gabonaise, aux mois de février et mars, environ cinq mille mètres cubes de kévazingo, une essence rare très prisée en Asie et représentant une valeur d'environ sept millions d'euros, aurait été découverts dans deux sites d'entreposage appartenant à des sociétés chinoises, au port d'Owendo, à Libreville. Et, une partie de cette matière  serait chargée dans des conteneurs sur lesquels figurait le tampon du ministère des Eaux et forêts alors qu’elle indiquait une cargaison d'okoumé qui est une essence de bois dont l'exploitation est autorisée. Ainsi, après la découverte des documents falsifiés, le responsable de ce ministère et son équipe ont été sanctionnés.

Par ailleurs, une autre raison serait celle liée au fait que, le 30 avril, environ trois cent cinquante-trois de ces conteneurs, placés sous l'autorité de la Justice, se serait mystérieusement volatilisés et deux cents autres auraient été par la suite retrouvés dans les entrepôts au port d’Owendo.

Notons que le kévazingo est un bois rare d'Afrique centrale, considéré comme sacré par certaines communautés locales et très apprécié en Asie, notamment pour la réalisation de parquets, escaliers, meubles de luxe ou portails de temples. En mars, le rapport d'une ONG britannique avait déjà dénoncé les pratiques illégales d'un groupe chinois à l'origine d'un vaste trafic d'exploitation de bois au Gabon et au Congo, accusant notamment plusieurs personnalités politiques et agents de l'administration d'y être impliqués.

Soulignons également que représentant 60% du produit intérieur brut (hors hydrocarbures), le secteur forestier est l'un des piliers historiques de l'économie du Gabon, un pays recouvert à près de 80% par la forêt.

 

 

 

 

 


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