Les Dépêches de Brazzaville



Industrialisation de la RDC : la 3e édition de Sultani Makutano a tenu ses promesses


les panélistes, lors d'un des ateliers Makutano 3/photo AdiacLa 3e édition de Makutano a eu lieu du 14 au 16 septembre dans les installations de l’hôtel Sultani à Kinshasa sor le thème principal « Oeuvrer à l’industrialisation de la RDC ». La contribution des participants venus des différents secteurs de la vie nationale ainsi que des pays frères et amis de la RDC à travers le monde, en commençant par les exposés jusqu’aux interventions, a permis de tracer une voie sûre à suivre pour l’industrialisation du pays.

Dans son discours d’orientation, le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et président du Conseil d’administration de la Gécamines, Albert Yuma, a noté que ces travaux constituent un rendez-vous incontournable de la réflexion au service du développement économique de la RDC. La richesse des thèmes traités au cours de neuf ateliers, a-t-il noté, caractérise la multiplicité des aspects dans lesquels la question de l’industrialisation pouvait être abordée. Le président de la FEC n’avait pas hésité, en guidant ces réflexions, à dire que la conscience agricole était un impératif pour la RDC. À l’en croire pour développer le pays, il fallait avant tout songer à développer l’agriculture. « Notre pays, la RDC, était avant tout un pays d’agriculture et il en a toujours les potentielles », a-t-il soutenu. Notant qu’aux yeux du monde, la RDC est un pays minier, Albert Yuma, a relevé que le Katanga, par exemple, fut d’abord agricole, employant une main d’ouvre nombreuse et satisfaisant totalement les besoins de sa population…Pour le président de la FEC, en effet, l’industrie minière, contrairement à ce que d’aucuns pouvaient penser, n’est pas absorbatrice d’une grande main d’œuvre. « Le secteur minier ne résoudra pas la question de chômage en masse en RDC », a-t-il avoué sans peur d’être contredit.

Intervenant à son tour sur cette tribune, le directeur régional de l’ONUDI, Jean Bakole, a conseillé la diversification de l’économie de la RDC. À l’en croire, le plus grand problème de l’économie congolaise est sa dépendance vis-à-vis d’un secteur particulier. Pour ce Congolais fonctionnaire international,  cette diversification de l’économie permettra de créer la résilience et la durabilité de cette résilience. Le directeur régional de l’ONUDI a profité de cette tribune pour lancer un plaidoyer en faveur de la baisse des taxes et impôts en vue d’appuyer les initiatives et faciliter les investissements, ainsi que pour la formation orientée vers les technologies nouvelles, condition capitale pour l’industrialisation.

Se lancer sur la voie de l’industrialisation et la réussir

les participants à un des ateliers Makutano 3/photo AdiacL’objectif poursuivi par Makutano 3 était de passer de l’étape de la parole à l’acte. Les neufs sous-thèmes développés au cours des cinq ateliers et quatre tables-rondes ont permis aux participants d’établir les bases concrètes d’un développement durable appuyé par l’industrialisation du pays. Tous ces ateliers et tables-rondes ont commencé par établir des diagnostics de la situation du pays, par rapport aux différents secteurs concernés, avant de proposer des pistes de solution concrète. Comme remèdes, le partage d’expériences a notamment permis aux participants de prendre des engagements fermes d’agir afin de booster, chacun dans son domaine, le développement du pays axé sur l’industrialisation.

L’atelier n°1 axé sur l’Industrialisation : l’éléphant blanc ? a relevé que le pays s’est désindustrialisé depuis son accession à l’indépendance parce que dans les années 60, la RDC avait près de deux mille industries alors qu’en 2017, elle n’en compte que moins de cinq cents. L’atelier n° 2 sur Doing business in DRC : la renaissance ? a permis d’établir l’existence d’une fiscalité qui étouffe la promotion des entreprises, surtout les entreprises privées.

L’atelier 3 dont le thème a été l’Accès aux financements : la quadrature du cercle ? a constitué un véritable partage sur le secteur financier. Les participants, en répondant à la question de savoir si le pays disposait des moyens pour financer son industrialisation, ont notamment proposé de sortir des sentiers battus, de chercher des solutions sur les couloirs alternatifs, notant que le secteur bancaire avait les yeux tournés sur la banque centrale du Congo en vue de canaliser les financements de projets.

Dans le cadre de cet atelier, par exemple, le président de l’Association congolaise des banques et directeur général de la Banque commerciale du Congo, Yves Cuypers, a pris l’engagement ferme de financer cinquante projets d’investissements valables. « Venez avec 50 projets valables. Nous allons les étudier et les financer », a-t-il dit, pour démontrer la disponibilité des banques établies en RDC de soutenir le développement du pays par le financement des projets présentés et qui répondent aux exigences. L’atelier 4 a parlé de l’image de la RDC : Comment redorer le blason, alors que l’atelier n°5 s’est focalisé sur la Femme et leadership en Afrique ; parlons concret ! Les quatre tables-rondes ont tourné autour de quatre sous-thèmes : Comment  créer une industrie industrialisante ? Santé : le made in DRC, c’est pour quand ? Agro-industrie : le modèle vert ? et The music/art industry in DRC ; une industrie comme les autres ?

Dans son intervention, la fondatrice de Sultani Makutano, Nicole Sulu Tshiyoyo, a partagé avec ses différents invités son rêve sur le Congo. Elle a peint, comme un vrai artiste, d’une manière claire, la vision qui a conduit à la création de ce réseau, celle de  faire de la RDC un véritable grand pays au cœur de l’Afrique. Cette rencontre a également eu le mérite de faciliter les contacts entre les différents acteurs de la vie nationale et ceux des pays frères et amis du monde. Un vrai repos du guerrier a été offert aux participants en leur faisant bénéficier d’une randonnée sur le fleuve Congo. Cependant, des prix Sultano Makutano 3 ont précédemment été donnés lors d'une cérémonie organisée la veille tard dans la soirée.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Les panélistes lors des ateliers Makutano 3/photo Adiac Photo 2: Les participants aux ateliers Makutano 3/photo Adiac