Les Dépêches de Brazzaville



Interview. Charlotte Kabamba : « Ne pas le voir comme une mode mais plutôt comme un mode de vie »


Charlotte Kabamba animant l’atelier de soins capillaires à Bilembo

Le Courrier de Kinshasa : Comment peut-on vous présenter à nos lecteurs  ?

Charlotte Kabamba : Je m’appelle Charlotte Kabamba, je suis YouTubeuse et coach capillaire spécialisée dans les cheveux naturels.

L.C.K. : Coach capillaire, à quoi ça rime  ?  

C.K. : Ça rime à apprendre aux femmes à s’occuper de leurs cheveux, plus précisément des cheveux naturels. C’est utile parce que c’est vraiment assez compliqué de s’en occuper et plusieurs n’y arrivent pas et, pour cela, préfèrent se tourner vers le défrisage. C’est ainsi que je mets beaucoup l’accent sur les soins à apporter aux cheveux naturels, savoir notamment comment en prendre soin et les faire pousser.  

L.C.K. : Garder les cheveux naturels, c’est très en vogue aujourd’hui à Kinshasa. « Le style Nappy a la cote », comme l’affirment parfois d’aucuns d’un air moqueur. Pourriez-vous nous dire ce que cela veut dire « Nappy » ?

C.K. : Nappy ce n’est pas une coiffure comme certains disent faire le nappy, non ! Au fait, ce qu’il faut plutôt dire c’est être, je suis nappy. Car Nappy vient de « natural and happy », naturelle et contente. Juste exprimer le fait que l’on est contente de porter ses cheveux au naturel.

L.C.K. : Plusieurs sont d’avis, qu’être nappy c’est juste un effet de mode, que ça passera. Comment percevez-vous cela en tant que coach capillaire  ?

C.K. : Oui, c’est vrai. Mais je trouve dommage que la plupart des gens viennent vers moi juste parce qu’ils ont apprécié, trouver beau ce que telle ou telle autre personne a fait sur sa tête sans penser à garder les cheveux naturels sur le long terme. Ainsi, de mon côté, j’essaie toujours de les pousser à aimer garder leurs cheveux naturels les cinq, dix ans à venir, pour ne pas dire toute la vie. C’est vraiment une sorte de combat que je mène dans le but d’aider les femmes à ne pas le voir comme une mode mais plutôt comme un mode de vie.

Un aperçu des dames assistant à l’atelier dédié aux soins capillairesL.C.K. : Le combat n’est-il pas bien rude à mener face à l’argument évoqué et brandi avec force : il est tellement plus commode de tenir les cheveux défrisés que naturels car ils sont plus faciles à coiffer ?

C.K. : C’est vrai que lorsqu’on a les cheveux défrisés, ils ne demandent pas toujours autant d’attention mais ce qui est certain, le défrisage finit par abîmer les cheveux au long terme. Et cela cause beaucoup de maladies sans que l’on sen rende forcément compte. Je ne nie pas qu’entretenir les cheveux naturels, c’est beaucoup de travail au début quand ils sont courts. Mais quand ils finissent par pousser, l’on n'a plus besoin de fournir beaucoup d’efforts pour les entretenir. Aujourd’hui, la plupart des femmes croisées dans la rue présentent une alopécie, elles perdent leurs cheveux sur la zone à la lisière du front. C’est causé par le défrisage, lorsqu’on pratique trop de défrisage et trop tôt. Normalement, il est autorisé de défriser les cheveux d’un enfant à partir de 12-13 ans. Pourtant, il arrive que les parents défrisent ceux de leurs enfants déjà à partir d’une année. Ce qui finit par causer des alopécies. Il est clair que les conséquences du défrisage sont graves. C’est vrai que choisir de porter ses cheveux naturels est fatigant, c’est beaucoup de travail, mais je crois que cela vaut le coup, parce qu’au long terme l’on ne connaît pas de problème de perte de cheveux. Personnellement, je suis contente de mes cheveux, je n’ai pas besoin de fournir de gros efforts, ils ont bien poussé. Ils sont longs et bien bouclés. Je pense que cela en vaut la peine.

L.C.K. : Pour plusieurs, c’est un mythe de porter les cheveux très longs, car c’est souvent ce que les femmes désirent, en les gardant naturels. Pouvez-vous les rassurer du contraire ?

C.K. : Non, ce n’est pas un mythe ! Les cheveux naturels poussent et pour celles qui ont de bons gènes, cela se fait plus vite. Mais c’est clair qu’au bout de trois ans déjà, ils peuvent arriver au niveau des épaules si l’on sait en prendre soin. Si l’on connaît quels produits nos cheveux aiment, il n’y aura pas de problèmes pour leur pousse.

 


Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Charlotte Kabamba animant l’atelier de soins capillaires à Bilembo Photo 2 : Un aperçu des dames assistant à l’atelier dédié aux soins capillaires