Les Dépêches de Brazzaville



La littérature en fête au Pavillon des lettres d’Afrique


Les candidats français à l’élection présidentielle ont pris l’habitude de venir solliciter les mannes sur le stand africain du Salon du livre. Cette année ils n’ont pas fait exception et Emmanuel Macron, ainsi que Jean-Luc Mélenchon sont passés au Pavillon des Lettres d’Afrique. A l’époque, le stand Livres et auteurs du Bassin du Congo avait porté chance au candidat François Hollande. Nous saurons le 18 juin prochain qui les ancêtres auront favorisé.

La journée s’est ouverte avec deux publics phare, la jeunesse et les femmes. Pendant que la conteuse Véronique Essaka de Kerpel réjouissait les enfants avec son spectacle, une table ronde sur les femmes en lutte pour l’Afrique faisait découvrir au public les vies de reines d’Afrique, femmes engagées pour le continent, Wangari Maathai et Graça Machel. La clef de leur parcours d’émancipation est l’éducation dont sont encore privées trop de filles sur le Continent. Le Congolais Reassi Ouabonzi, alias Gangoueus, célèbre blogueur spécialiste de la littérature africaine faisait découvrir de nouvelles voix de la littérature africaine.

Deux écrivains, le Togolais Sami Tchak et le Sénégalais Mbougar Sarr ont présenté leur œuvre lors d’un « tête à tête ». Mbougar Sarr, auteur d’un premier roman remarqué et salué par la critique, « Terre ceinte » publié chez Présence Africaine en 2014, a rappelé que « l’écriture est l’expérience même de la liberté ». Sami Tchak a abordé les thèmes de l’identité africaine et de l’engagement en littérature. Pour le célèbre auteur, « l’engagement, c’est se montrer digne de l’art ».

L’après-midi était placée sous le sceau du panafricanisme avec une table ronde animée par Lucien Pambou de Géopolitique Afrique sur le financement de l’émergence africaine et une autre sur les 70 ans de la célèbre maison d’édition Présence Africaine, fondée en 1947 par Alioune Diop. La sommité Souleymane Bachir Diagne a rehaussé de sa présence cette table ronde. « Le panafricanisme est à la fois un mouvement ancien et un projet nouveau car nous avons maintenant à penser un panafricanisme sur de nouvelles bases. Il prend la forme d’une régionalisation. Des espaces économiques sont en train de se construire de manière patiente. La réflexion sur la démocratie est un autre aspect de la pensée africaine qui est exploré par les intellectuels africains car il ne peut y a voir d’union durable qu’entre démocraties », a-t-il affirmé.

Une autre personnalité africaine de renom a marqué de sa présence le Pavillon des lettres d’Afrique, en la personne de Wole Soyinka, premier lauréat noir du Prix Nobel de littérature. Puis Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’OIF, a remis sur le stand Pavillon des Lettres d’Afrique le Prix des cinq continents en présence de Ségolène Royal, la ministre française de l’Environnement,  à la lauréate Fawzia Zouari, primée pour Le Corps de ma mère.

Après la mise en lumière de Conakry Capitale mondiale des Lettres de l’Unesco pour 2017, les Congolais Alain Mabanckou et Jean-Luc Aka Evy ont évoqué au cours d’une table ronde la façon dont les villes inspirent les écrivains. « Les villes africaines sont des livres qui inspirent nos romanciers et dans leur écriture ils rendent hommage à ces villes africaines un peu turbulentes, un peu truculentes, mais toujours joyeuses », a souligné le professeur Aka Evy. Alain Mabanckou a annoncé qu’il allait écrire l’un des plus beaux livres sur le président Marien Ngouabi. 

 


Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

Henri Djombo et Alain Mabanckou, deux habitués du Salon du Livre, se retrouvent au Pavillon des Lettres d'Afrique (@RMB) Fawzia Zouari, lauréate du Prix des Cinq Continents, avec Ségolène Royale (@RMB)