Les Dépêches de Brazzaville



Les immortelles chansons d’Afrique : « Mario » de Franco Luambo Makiadi


Paru à Libreville en 1985, sous la référence N°004, ce tube a été enregistré sous la direction d’Elvis Kemayo. « Mario » est, sans doute, la chanson la plus vendue de toute la carrière musicale de Luambo. Cette mélopée commence à faire rage en République démocratique du Congo. Sa furie se déchaîne à Brazzaville puis le reste de l’Afrique centrale. Quelques temps après la même chose se produira à Bruxelles et Paris. À New York et à Brooklyn où le label « Makossa Records » assurait la distribution, ce titre fut un véritable raz de marée.

« Mario » est le portrait d’un jeune étudiant qui, ayant terminé ses études, ne cherche pas le travail mais décide d’être entretenu par une dame plus âgée que lui. Cette chanson est soutenue par une percussion merveilleusement exécutée, les cliquetis de la bouteille et une guitare rythmique jouée par Lutumba Simaro. C’est chanté en duo par Madilu Système et Franco Luambo. « Ba famille ya Mario ba kanisaka Mario apesaka ngai mosolo, nzoka ngai moto na latisaka yé, na leyisaka yé, nalalisaka. Mario na lembi é, bima bima na ndako na ngai. Pona nini niongo ta bolingo ? Ako bétéla ngai zuwa, épayi zuwa ya lokuta, épayi zuwa ya biloko, akutaki ngai na yango. Likambo moké mosala koboma biloko ya ndako na somba. Na lembi é, Mario nabayé yo, kéndé Mario na lembi yo. Mobali akuti ngai na bomengo asengui a commandé ngai na ndimi. Mobali akuti ngai na ba nguengue asengui a dirigé ngai na ndimi. Nabandi kobima na yé, babandi kobenga yé monsieur, Mario avimbi moto akanisi biloko na ngai ya yé ». «  La famille de Mario croit que Mario me donne de l’argent, alors que c’est moi qui l’habille, le nourris et l’héberge. Mario je n’en peux plus, sort de chez moi. Pourquoi adapterai-je l’amour ?  Poussé par la jalousie, il me frappe. D’un côté une fausse jalousie, d’un autre, une jalousie concernant mes biens. Il ne fait que gaspiller le matériel de la maison que j’achète. Je n’en peux plus, Mario. L’homme m’a connue dans l’opulence, il a voulu commander, j’ai accepté. L’homme m’a connue dans la gloire, il a voulu diriger, j’ai accepté. J’ai commencé à sortir avec lui. On l’appelait désormais monsieur. Cela l’emmena à penser que mes biens lui étaient destinés ».

 Le succès de ce morceau fut tellement immense qu’il inspira son auteur à faire deux remix dont un avec Nana et Baniel. En plus, il sortira « la réponse de Mario ». Aujourd’hui, dans la société africaine les gigolos sont appelés des « Mario ».

Né le 6 juillet 1938 à Sona Bata, en République démocratique du Congo, François Luambo Makiadi  est initié à la guitare vers 1951, par Dewayon dans le groupe Watama. Après, il aiguisera son doigté dans le groupe Bandibu auprès de Luampasi Albert. Il fut cofondateur et président de l’Ok Jazz après Jean Serge Essous. Il a tiré sa révérence le 12 octobre 1989, en Belgique, à 51 ans. Il est compté parmi les compositeurs africains les plus créatifs.                 

 


Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

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