Les Dépêches de Brazzaville



Lutte contre la vie chère : le prix du ciment fait encore parler

Dans la ville de Brazzaville, le ciment est vendu à des prix différents. En périphérie, son prix est plus élevé que celui pratiqué en ville : plus de 6 000 FCFA pour le ciment de la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc) et 8 500 FCFA pour les autres marques, dont le Golbert importé de Chine

Les Dépêches de Brazzaville ont effectué une tournée des dépôts de ciment dans quatre arrondissements : Poto-Poto, Mougali, Bacongo et Makélékélé. Premier constat : dans la majorité des dépôts, il manque le ciment de la Sonnoc.

À la gare du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), où cette qualité de ciment est à peine visible, le prix du sac varie de 6 500 à 7000 FCFA, soit 135 000 à 140 000 FCFA la tonne. Dans les environs de la gare, le ciment importé d’Égypte et de Chine est vendu 7 500 FCFA le sac et 150 000 FCFA la tonne. De Moungali en passant par le Plateau des Quinze-Ans, Bacongo et jusqu’à Makélékélé, la seule marque de ciment visible sur les marchés est le ciment Golbert importé de Chine. Son prix varie de 8 000 à 8 500 FCFA le sac et de 160 000 à 170 000 FCFA la tonne.

Les dépôts de référence manquent de stock

Dans le cadre de la politique de la lutte contre la vie chère, le ministère du Commerce et des Approvisionnements a mis en place des dépôts de références pour réguler le prix du ciment.

Ainsi, les 40 dépôts disséminés à travers la ville de Brazzaville vendent le ciment au prix homologué de 5 900 FCFA le sac. Les commerçants sélectionnés sur la base de critères précis bénéficient de certaines facilités, dont l’allocation de wagons transportant le ciment de la Sonocc en provenance de Loutété.

Malgré la mise en place de ces dépôts, le prix du ciment varie en fonction de l’offre et de la demande, en raison de quantités insuffisantes. Alors que le besoin est de plus de 1 500 tonnes, les commerçants ne reçoivent que 400 tonnes.

Certains consommateurs se plaignent de n’avoir jamais acheté de ciment au prix homologué. D’autres affirment que lorsque le produit arrive en gare, les commerçants des dépôts de référence le vendent déjà au pied du train.

L’administrateur et président des dépôts de référence, Bienvenu Bikouta, reconnaît qu’il y a des ruptures de stock.

« On sent qu’il y a un besoin. Nous voudrions que la Sonocc dispose d’une seconde rame et également multiplier les dépôts pour un approvisionnement constant », a indiqué Bienvenu Bikouta, précisant que les commerçants ne pouvaient pas vendre plus d’une tonne (20 sacs de ciment), sauf recommandation. Il s’agit de mettre en place des garde-fous pour éviter que certaines personnes achètent pour revendre à un prix plus élevé, a-t-il expliqué, soulignant que les dépôts étaient destinés à aider la construction des habitations des Congolais.

Bienvenu Bikouta s’est félicité de cette initiative du ministère. Selon lui, depuis que les dépôts de référence ont été mis en place, la tonne est vendue entre 132 000 et 140 000 FCFA.

Le directeur départemental de la Concurrence et de la répression de la fraude commerciale a évoqué le même problème d’approvisionnement, abondant dans le même sens que Bienvenu Bikouta : « Le ciment est là, mais il est cher. Il faudrait ajouter des rames et des wagons pour bien couvrir le marché de Brazzaville. »

Le transport, un problème crucial

La population de Brazzaville a des difficultés à se procurer le ciment fabriqué au Congo à un prix raisonnable, notamment en raison des problèmes de transport.

En mettant en place les dépôts de référence, le ministère de tutelle a négocié avec le CFCO la location de plusieurs wagons pour faciliter l’acheminement de la marchandise. Ainsi des wagons ont été affectés, censés assurer trois rotations par semaine. Actuellement, le CFCO ne peut pas tenir ces engagements. La location d’un wagon se chiffre en millions et certains commerçants indépendants fixent les prix en fonction des frais engagés.

D’après les gérants de dépôts de ciment non référencés, l’instabilité du prix du ciment est due aux difficultés de transport entre Pointe-Noire et Brazzaville et au manque de wagons au départ de Pointe-Noire.

En ce qui concerne le transport terrestre, ils ont fait état de prix exorbitants pour la location de camions-remorques, avec une augmentation de 950 000 à 1 400 000 FCFA la course.

Au plan administratif, ils ont insisté sur la multiplicité des taxes prélevées par la mairie, les impôts, le ministère du Tourisme et de l’Environnement, la chambre de commerce, la police, etc.


Nancy France Loutoumba