Les Dépêches de Brazzaville



Mini-sommet de Luanda : la Cirgl au cœur de la réconciliation entre Kagame et Museveni


Photo droits tiersEntre Kigali et Kampala, le mauvais vent qui a failli mettre à mal cet axe diplomatique vient de passer. Le conflit, sur fond de suspicions, ayant marqué les rapports entre les deux pays depuis fin février 2019, appartient désormais au passé.  À la base, l’accord sur la sécurité et la coopération dans la sous-région des Grands lacs (Cirgl) signé le mercredi 21 août à Luanda, capitale de l’Angola. Paul Kagame et Youweri Museveni figurent parmi les signataires de ce document salvateur venu effacer d’un trait des rancœurs longtemps entretenus, de part et d’autre, entre Kigali et Kampala. Les présidents Félix Tshisekedi de la RDC, l’hôte Joao Lourenço et Denis Sassou N'Guesso du Congo-Brazzaville qui se sont fait le devoir d’accompagner la dynamique de paix enclenchée dans la sous-région ont également apposé leurs signatures au bas de ce document hyper important.

Autant dire qu’à travers cet accord, les cinq chefs d’État ont pris l’engagement  solennel de combattre l’insécurité qui sévit dans la sous-région et d’œuvrer en synergie dans un élan de coopération agissante. Pour Félix Tshisekedi qui a copiloté ce processus avec son homologue angolais, João Lourenço, il y a de quoi s’extasier face à ce dénouement qui porte ses empreintes. Et pourtant, rien n’augurait un tel atterrissage lors du sommet quadripartite entre l’Angola, l’Ouganda, le Rwanda et la RDC tenu le 12 juillet dernier à Luanda. L’opiniâtreté du tandem João Lourenço-Félix Tshisekedi a eu raison de l’antipathie mutuellement développée par Yoweri Museveni et Paul Kagame qui ont fait preuve de grandeur d’esprit en fumant le calumet de la paix. Par deux fois, Luanda a jeté les bases de cette réconciliation aujourd’hui scellée par cet accord sur la sécurité et la coopération dans la sous-région.

Félix Tshisekedi devrait, par reconnaissance, une fière chandelle à ses pairs du Rwanda et de l’Ouganda qui ont mis de côté leurs égo pour privilégier l’intérêt de la sous-région. En fait, l’accord susdit s’inscrit en droite ligne à ses visées de paix et de concorde à l’échelle sous-régionale actuellement oblitérées par l’activisme des groupes armés opérant à l’est de la RDC. Un des défis de Félix Tshisekedi est justement de faire des Grands lacs africains un havre de paix où la circulation des personnes à l’intérieur et le commerce transfrontalier sont garantis. Depuis sa prise de pouvoir, en effet, Félix Tshisekedi ne ménage aucun effort pour réduire au maximum les tensions récurrentes de sorte à créer un environnement propice à la capitalisation des divers atouts dont regorge la région. Le 31 mai à Kinshasa, la tripartite (Angola-RDC-Rwanda) passée à la quadripartite élargie au Congo Brazzaville avait donné une nouvelle impulsion à cette dynamique de paix avec, à la clé, l’engagement de créer les conditions propices à la stabilité régionale.    

Un tel objectif ne pouvait être atteint sans la réconciliation entre Paul Kagame et Yoweri Museveni qui continuaient à s’épier mutuellement. Le premier accusait l’autre de soutenir les rebelles rwandais opérant dans l’est de la RDC à l’effet de déstabiliser les institutions de son pays. Ce que démentait le second. Ayant réussi à mettre autour d’une même table ces deux frères ennemis,  Félix Tshisekedi acquiert automatiquement une stature sous-régionale, nonobstant les premiers pas d’un quinquennat qui, au plan diplomatique, se négocie plutôt bien.


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Poignée de main entre Yoweri Museveni et Paul Kagame