Les Dépêches de Brazzaville



Parc national d’Odzala-Kokoua: la population de Mbomo boude le départ du directeur général du site


Après seulement trois mois de service, le directeur général du Parc national d'Odzala-Kokoua (Pnok), que la population de Mbomo a surnommé « Moïse », a quitté ses fonctions le 16 janvier.

En effet, depuis cette date, la population, qui a mal apprécié ce départ, aurait paralysé toutes les activités du parc en signe de mécontentement. « Mabaye est le messie que Mbomo attendait pour sa délivrance du joug de la pauvreté orchestrée par certaines autorités congolaises et des étrangers gérant Odzala. Chaque fois qu’un directeur veut mieux faire, il a été toujours relevé », a lâché un manifestant.

Selon des témoignages, le désormais ancien directeur général du Pnok paie les frais de sa rigueur car, il dénonçait la mauvaise façon de faire de ses collaborateurs d’African Parks et du gouvernement congolais qui, selon lui, a signé des accords ne profitant pas au pays, surtout à la population locale. Une position qui lui aurait valu des blâmes lors du dernier conseil d’administration tenu à Brazzaville.

« Frappé par son honnêteté, cet ex-sociétaire d’African Parks, les larmes aux yeux, a quitté Mbomo pour le Cameroun où une agence onusienne lui a proposé une nouvelle offre. L’homme qui n’a fait que trois mois s’en va. Les habitants de Mbomo ne veulent pas voir un certain nombre de ses collaborateurs corrompus et les portes du parc sont fermées », indique notre source.

Alors que les négociations sont en cours entre les autorités départementales et la population, la situation est montée d’un cran, le 23 janvier, dès les premières heures de la matinée.

En effet, les Kota-Mboko-Moungom, qui s’opposent farouchement à la société sud-africaine African Parks ( gèrante du parc d’Odzala), sont descendus dans les rues. Conséquences : boutiques, école, marché et autres activités sont restés fermés pendant des heures.

Justifiant son attachement au directeur démissionnaire, la population estime qu’il était le seul à avoir dévoilé le budget affecté à chaque service, ce qui était hier tabou.

« Chaque fois, les fonds alloués au parc étaient repris par ses donateurs (partenaires), faute d’utilisation. En fin 2018, par exemple, 65% du budget était resté puis retiré, il a instauré des réunions hebdomadaires avec les chefs de service ; il déplorait le fait que les éco-gardes s’habillaient par leurs propres efforts financiers. Il a simplifié la collaboration avec ses subordonnés, surtout son directeur général adjoint nommé par le gouvernement mais détesté par African Parks à cause de sa rigueur et sa logique. Il a autorisé l’accès au transport gratuit de la population de Mbomo et ses biens dans les véhicules du parc », reconnaît la population, ajoutant qu’il était le premier directeur à sillonner les rues de Mbomo à pied, à dialoguer avec les jeunes et à participer aux veillées.

Notons que le Pnok  abrite environ vingt-deux mille gorilles des plaines occidentales, les furtifs éléphants de forêt et environ quatre cent quarante-quatre espèces d’oiseaux. Il est l'un des plus anciens parcs nationaux d'Afrique. Etabli en 1935, il a obtenu le statut de réserve de la biosphère en 1977 et couvre une vaste zone de 13500 km².

S’agissant de la société African Parks, elle a conclu, en novembre 2010, un accord de vingt-cinq ans avec le ministère de l’Economie forestière, du développement durable et de l’environnement pour protéger ce parc de grande envergure.


Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

- Mabaye Dia faisant ses adieux à la population/ Esseyi - Les habitants sortis dans les rues de Mbomo le 23 janvier/Esseyi