Les Dépêches de Brazzaville



Portrait: Graniche Assa Passi fait de l’environnement son cheval de bataille


« Aider l’autre où qu’il se trouve est ma motivation première, elle est ma raison d’exister et ma joie de vivre », a confié d’emblée Graniche Assa Passi dont le travail consiste à appuyer le projet ETIC dans ses activités communautaires et plus précisément dans le cadre du programme de conservation inclusive.  « Un projet qui consiste à mettre en œuvre le consentement libre des populations bantoue et autochtone, les informer de la création de l’aire protégée de Messok-Dja et, par conséquent, de la mise en œuvre de la stratégie de conservation inclusive autour de cette aire », a-t-elle précisé.

Même si son engagement l’oblige à faire parfois des choix en défaveur de sa vie de couple (parcourir des kilomètres loin de sa famille, ne pas compter les heures de travail tant qu’elle n’a pas trouvé de compromis), la jeune femme ne s’en plaint pas car elle aime ce qu’elle fait. « J’organise des réunions dans chaque communauté bantoue et autochtone pour discuter sur les sujets liés aux activités du projet afin de les impliquer à la prise des décisions. Ce n’est certes pas facile, mais on arrive toujours à avoir des compromis », a longuement expliqué la chargée de liaison.

Mue par des valeurs de partage, d’écoute et d’entraide, la jeune femme dit ne pas rencontrer de réelles difficultés dans l’exercice de ses fonctions. Pourtant,  il sied de souligner que les communautés victimes des dévastations des champs par les éléphants dans ces zones réclament des indemnisations.

« Du coup, cela freine nos activités puisque certains habitants les conditionnent à l’indemnisation de leur champ, chose que nous ne pouvons pas faire puisque cela est du ressort de l’Etat », a fait remarquer Graniche Assa Passi.

Première femme chargée de liaison communautaire dans ce projet, elle a pris ses fonctions en octobre 2018. Graniche Assa Passi estime qu’elle mérite ce poste par rapport au travail qu’elle fournit sur le terrain, ses compétences, son contact facile avec la population locale et son ouverture d’esprit.

Bienveillants à son égard, ses collègues savent qu’elle est un maillon très important dans la bonne marche de ce projet. « Le fait d’être femme est un atout car, plusieurs fois, j’ai entendu cette phrase sur le terrain : nous t’acceptons parce que tu es une femme. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi cette préférence, l’essentiel pour moi est de bien mener mon travail », a-t-elle laissé entendre, encouragée par son conjoint.

Formée en géologie, Graniche Assa Passi souhaitait évoluer dans le milieu de la conservation, mais les conditions de travail dans ce secteur ne la convainquaient pas. Très vite, elle se lance dans la vie associative où elle y travaille entre 2011 et 2016, particulièrement dans les ONG liées à la condition féminine. Mais son goût pour l’aventure l’emmène à Ouesso, dans le département de la Sangha, où elle tombe sous le charme du projet ETIC et s’y engage corps et âme.  Depuis, elle espère que la mise en place de l’air protégée de Messok-Dja changera les mentalités de la population bénéficiaire et des alentours.


Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Graniche Assa Passi