Les Dépêches de Brazzaville



Prix Rfi théâtre 2020 : un Congolais parmi les treize présélectionnés


« Le Poids du ciel sur la tête » conte l’histoire de Gabrielle, confinée chez elle, ne supporte plus la misère du monde et la sienne. Elle a perdu de son seul compagnon : un chien. « Est-ce l’animal trouvé par le fou dans les poubelles ? Même solitude chez Gabor, sculpteur. Mais, dans les rues animées du marché, il retrouve les échos du monde », poursuit le texte présélectionné de Vhan-Ohlsen Dombo, dont l’écriture joue avec les mots et les sonorités.

Le dramaturge congolais est également rappeur, poète, slameur, comédien-metteur en scène et performeur sous le nom de "Ya Vé". Ancien membre de l’équipe nationale de taekwondo, il a étudié le droit avant de se tourner vers le théâtre. Un choix qui lui a permis de croiser le chemin de Marc-Antoine Vumilia au cours d’un atelier d’écriture. Avec lui, il crée plutard la troupe Ishango, auteur de la pièce « De la chair au trône d’Amadou Koné », dans laquelle il tient le rôle principal. Par la suite, Vhan-Ohlsen Dombo a travaillé avec plusieurs metteurs en scène du Congo-Brazzaville : Stan Matingou, Harvey Massamba, Gilfery Ngamboulou… Il a déjà remporté plusieurs distinctions parmi lesquelles en 2013, le grand prix Afrique du théâtre francophone en tant que meilleur comédien.

Une édition influencée par la Covid-19

Pour la septième édition du Prix Rfi théâtre, deux-cent dix-huit candidats, issus de vingt pays, ont été au rendez-vous. « Nous nous réjouissons du nombre croissant de candidates ! Une nette majorité d’auteurs africains, beaucoup d’Haïtiens, et la sphère géographique s’élargit à la Palestine, Maurice et aux Comores. Des écrivains déjà publiés qui côtoient de nouveaux arrivants. Merci à tous d’avoir participé », a déclaré Mireille Davidovici, responsable du comité de lecture du Prix Rfi théâtre.

Cette année, beaucoup de pièces évoquent les routes de l’exil, d’autres la condition féminine face au machisme, ou le sort des enfants en temps de paix comme en temps de guerre. La particularité est aussi la focalisation de près d’une cinquantaine de textes sur l’épidémie de Covid-19. Un mal supplémentaire dans la liste des fléaux qui frappent l’humanité.

La dénonciation de la dictature et de la corruption n'est pas en reste, souvent sous forme de farce. Et comme toujours, le sens de l’humour distingue ces dramaturgies, au point qu’elles prennent la forme de comédies ou de tragédies. Mais avant tout, on perçoit dans ces textes, aussi variés soient-ils, une urgence à dire, à poser des enjeux qui dépassent de loin les situations individuelles ou locales et rejoignent les grandes préoccupations d’aujourd’hui.  Par leur style, leur rythme, leur énergie, ces fictions théâtrales affirment souvent leur oralité, proches du conte et de la performance.

Notons que parmi les candidats présélectionnés, figurent un Congolais, un Guinéen, un Burkinabé, un Libanais, un Sénégalais, un Togolais, un Tunisien, un Camerounais, deux Haïtiens et trois Béninois. Le prix sera proclamé et remis à la lauréate ou au lauréat le 27 septembre à Limoges, en France, dans le cadre des Zébrures d’automne du festival « Francophonies - Des écritures à la scène ».


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Vhan-Ohlsen Dombo/DR