Les Dépêches de Brazzaville



Rapatriement volontaire: des réfugiés rwandais refusent de regagner leur pays d'origine


Les réfugiés réunis au sein d’une association dénommée « Espoir », l’ont dit le 9 février à Brazzaville, lors d’une conférence de presse.

Méthodiquement, ces exilés ont tenté, films à l’appui, de justifier leur refus de regagner le Rwandais, malgré la cessation du statut depuis le 31 décembre 2017. Ces Hutus rwandais ont rappelé qu’ils ont fui leur pays à cause des guerres ethniques qui les opposaient aux Tutsi qui dirigent le pays aujourd’hui.

Pour cette association, dirigée par Jean-Bosco Mugemana, en dépit des appels de la communauté internationale leur démandant de rentrer au pays, au niveau national, les acharnements contre eux sont encore pressants, les obligeant à ne pas y retourner.

« Ayant encore des séquelles, nous refusons catégoriquement de tomber dans le piège du régime de Kigali, de prendre toute pièce d’identité délivrée par le gouvernement rwandais qui est notre persécuteur. Nous estimons que le Rwanda de Paul Kagamé n’est pas en mesure de nous protéger », ont-ils affirmé dans un mémorandum de 22 pages.

Ils rejettent en bloc la proposition de s’offrir des passeports rwandais comme proposé, pour leur faciliter le retour au pays.

« Il est clair que prendre ce passeport ou autres documents délivrés par le régime de Kigali est un piège, surtout que les acteurs de ces massacres n’ont jamais été jugés pour leurs actes. C’est donc un moyen pour faire disparaitre les témoins et les traces de ces actes inhumains qu’ils ont commis pendant le génocide du Rwanda et dans l’ex-Zaïre », ont-ils martelé.

Aussi estiment-ils, par ailleurs, qu’accepter de prendre ces documents administratifs, est une façon de leur imposer un rapatriement forcé. Une démarche qu’ils jugent contraire à l’article V alinéa 1, de la Convention de l’O.U.A de 1969 relative aux réfugiés. Cet article qu’ils ont cité à la presse, stipule que « le caractère essentiellement volontaire du rapatriement doit être respecté dans tous les cas, et aucun réfugié ne peut être rapatrié contre son gré ».

Témoignant leur gratitude à l’endroit du chef de l’Etat, ainsi que l’hospitalité des congolais, les réfugiés rwandais se sont de tout de même interrogés sur « cette forme d’acharnement » sur eux, alors que, selon eux, dans d’autres pays de la sous-région où ils se sont réfugiés, ils ne subissent pas le même sort.

En conclusion, les réfugiés rwandais plaident au HCR Genève et au secrétaire de l’ONU pour que leur statut de réfugié soit maintenu. Au gouvernement congolais, ils demandent de bien appliquer les conventions nationales et internationales relatives aux réfugiés. Le cas échéant, qu’il lance un appel aux autres pays membres pour qu’ils y soient transférés.


Firmin Oyé

Légendes et crédits photo : 

Les membres de l'Association "Espoir" le 9 février lors de la conférence de presse (photo Adiac)