Les Dépêches de Brazzaville



Regard artistique sur la femme : propos partagés sur la santé de la reproduction


L’installation « Fungola ya bomoyi pe Molakisi » de Prisca Tankwey et Paulvi NgimbiÀ lui seul, le titre « Regard artistique sur la femme » ne laisse pas imaginer ce qui attend le visiteur dans la salle d’exposition. N’eussent été les discours successifs du directeur général de l’ABA et du directeur pays de DKT, l’on aurait été loin de penser y découvrir un ensemble d’œuvres autour d’un plaidoyer pour le droit à la contraception. Abordée de différentes façons, tantôt de manière frontale comme l’on fait Zadock Kuzituka et Jordan Bopuku avec leurs « Femmes préventives aux espoirs » ; Théo Mwamba avec son « Assurance et sécurité de la femme du XXIe siècle » ; sous le prisme la porteuse de vie et éducatrice dans « Fungola ya bomoyi pe Molakisi », installation de Prisca Tankwey et Paulvi Ngimbi, le discours garde la même éloquence. Tout à la différence des portraits de Serge Kalongoshi, une série de quatre photos d’une femme aux humeurs changeantes : souriante, pensive ou que l’on devine presque en colère à cause de l'expression sévère, peuvent juste être interprétés à la guise du visiteur.

Ces œuvres exposées dans la première salle sont en majorité des toiles, à l’exception de la « guerrière » de Théo Mwamba, une peinture sur verre et les sculptures à base de capsule de bouteilles de boissons gazeuses ou de bière, s’inscrivent et participent à l’important débat social sur la contraception. Fait salué par le Pr Henri Kalama qui se réjouit dès lors que « l’art participe à la construction dynamique des identités sociales selon les besoins et enjeux de l’heure ». Le directeur général de l’ABA l’a épinglé présentant l’exposition comme «  le fruit des efforts innombrables conjugués » dans ce sens. Par ailleurs, il a tenu pour un motif de fierté que « les dix jeunes artistes soient arrivés à une telle expression artistique dans ce domaine aussi complexe et sensible dépassant la phase mimétique de l’a Le Pr. Henri Kalama et le directeur pays de DKT devant la « Femme préventive aux espoirs » de Jordan Bopukurt ». Il a de fait loué ce qu’il a défini comme leur élévation à « une démarche artistique à la fois pragmatique et phénoménologique jusqu’à atteindre la dimension triadique de l’art, mélange du Beau, du Bien et du Vrai ».

Faire respecter la femme

En passant dans la seconde salle attenante à la première, l’on ne ressent pas la même impression face aux œuvres qui s’y trouvent que dans la précédente. La « Porteuse de changement », un autoportrait de Mboba Mambembe dont le buste à la fois mi-pierre et mi-papillon accroche le regard sans évoquer le discours sur la santé reproductive. La série « Porteuse d’étoiles », quadriptyque d’Israël Tshimbalanga non plus, le panneau de Magloire Mpaku est en plein dedans avec ses bouts d’estampille de préservatifs de la marque DKT. Quant à la vidéo de Godelieve Kasangati, elle est une invitation à la femme à se recadrer dans le rôle de mère, porteuse de vie. La lutte pour se faire l’égale de l’homme qui ne lui dispute pas la maternité passe pour une absurdité. Les exposants sont uniquement des étudiants de l’ABA.

Prisca Tankwey et Paulvi Ngimbi devant leur œuvre communePour sa part, le directeur pays de DKT RDC, Jan Kreutzberg, a défini le cadre de collaboration autour de l’exposition comme étant un espace idéal d’exercice offert aux artistes. Un lieu d’expression de « la moralité et du principe de travail ». Insistant ici sur la nécessité à « leur apprendre à faire respecter la femme en tant que porteuse de vie ». Et qui plus est demeure « au centre des intérêts » de DKT au quotidien « à travers les différentes méthodes de la contraception familiale offertes ». Ce qui du reste rejoint pleinement la mission de DKT international. À ce titre, a rappelé Jan Kreutzberg, la filiale congolaise de l’ONG internationale à caractère humanitaire œuvre « dans la promotion de la santé de la reproduction, la planification familiale et la lutte contre les Infections sexuellement transmissibles ainsi que le VIH/sida ». Campagne quotidienne à laquelle l’exposition « Regard artistique sur la femme » vient en appui.


Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1-L’installation « Fungola ya bomoyi pe Molakisi » de Prisca Tankwey et Paulvi Ngimbi 2- Le Pr Henri Kalama et le directeur pays de DKT devant la « Femme préventive aux espoirs » de Jordan Bopuku 3- Prisca Tankwey et Paulvi Ngimbi devant leur œuvre commune