Les Dépêches de Brazzaville



Révocation des magistrats : le chef de l'État induit en erreur


Dans un point de presse tenu conjointement, le 16 mai, à Kinshasa, avec le coordonnateur de l’Association des magistrats illégalement renvoyés de leur corps (Amirc) par l’ordonnance présidentielle du 15 avril dernier, Élie Selemani, le président national de l’Acaj, Me Georges Kapiamba, a condamné le renvoi des deux cent cinquante-trois magistrats, estimant que la procédure n’a pas été respectée. Il a, par ailleurs, exhorté le président de la République à examiner, dans un bref délai, les recours qui lui ont été adressés par les intéressés. « Nous ne sommes pas des faussaires, nous sommes des magistrats régulièrement nommés », a insisté le coordonnateur de l’Amirc, qui souhaite que les autorités puissent corriger ces irrégularités.

Une décision influencée

Me Georges Kapiamba, lui, a affirmé qu’après enquête, il s’est avéré que plusieurs de ces magistrats renvoyés l’étaient illégalement.  De ce fait, il estime qu’à travers son ordonnance présidentielle du 15 avril, « le chef de l’État a été induit en erreur par le ministre de la Justice » qui a interféré dans le pouvoir judiciaire. Accusant le ministre Thambwe Muamba d’avoir influencé la prise de cette décision par le président de la République, le président national de l’Acaj a laissé entendre que les résultats de l’enquête faite à ce sujet n’étaient que provisoires et devaient être soumis au Conseil supérieur de la magistrature. Le ministre de la Justice ne peut pas, a-t-il fait remarquer, prendre des décisions à la place du pouvoir judiciaire. « C'est une atteinte à la Constitution », a martelé Me Georges Kapiamba. L’Acaj promet de faire le suivi de ce dossier jusqu’à la victoire finale des victimes. Elle a condamné le renvoi de tous ces magistrats, convaincue que la procédure n'a pas été respectée.


Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des magistrats congolais lors d'une manifestation devant la primature