Les Dépêches de Brazzaville



Tabu Ley, une vie d’artiste


Rochereau grandit à Léopoldville, dans la commune de Kinshasa, dans un univers baigné par l’art d’Orphée. À cette époque, Il compose déjà des chansons. Ses débuts dans la musique se situent  au milieu des années 19560 au sein de l’orchestre des frères Lambil, le Harlem Band. Il y évolue, entre autres, en compagnie de Didi Siscala. Son univers d’adolescent est dominé par la figure tutélaire de Joseph Kabasélé qui lui met professionnellement le pied à l’étrier. Il fait sa sortie officielle dans l’African Jazz en juin 1959. Keliya, est sa première composition, formidable introduction aux magnifiques embardées de la création rochereaulienne. Mais quelques mois plus tard, Rochereau se retrouve dans l’aile de l’African Jazz créé par Nico, mécontent de la gestion de l’orchestre par Kallé. Ce qui ne l’empêche pas d’accompagner ce dernier à Bruxelles pour agrémenter la table ronde politique. Cette mémorable et glorieuse épopée donne naissance, en 1960, à la chanson totémique de l’indépendance du Congo-Belge et d’autres pays africains : Indépendance cha cha. Rochereau, pendant cette période de  quasi-oisiveté musicale,  intègre le Jazz Africain de Lutula. Apparemment, le voyage de Bruxelles n’a pas aplani les différends entre Kallé et Nico. Tant bien que mal, Ils tentent néanmoins de recoller les morceaux. En 1962, l’African Jazz réconcilié se rend à Bruxelles. C’est le premier voyage de Rochereau en Europe.

En 1963,  l’African Jazz implose. C’est la naissance de l’orchestre African Fiesta. Après trois ans d’existence, le nouvel orchestre, à son tour, vole en éclats. Rochereau crée l’African Fiesta National. Fin 1969 ou début 1970, il en exclut Roger Izeïdi, son producteur et éditeur. Il se met en ordre de bataille pour affronter de nouveaux défis. En prime, l’Olympia.

Désormais, seul maître de son destin, Rochereau connaît une carrière fulgurante, dont l’acmé est, sans doute, son passage à l’Olympia de Bruno Coquatrix, la nuit du 12 au 13 décembre 1970. Il est le premier artiste africain à se produire dans cette  mythique salle. L’African Fiesta National devient l’Afrisa.  Pendant plus de deux décennies après ce passage inaugural, Rochereau poursuit sa carrière, avec des hauts et des bas. C’est au moment où il se débat pour sortir du creux de la vague qu’il  rencontre Mbilia Bel. C’est l’embellie inespérée.  Après six ans de présence dans l’Afrisa, celle qu’on appelle la Cléopâtre de la musique congolaise quitte son pygmalion. Dès lors, la carrière musicale de Tabu Ley connait des variations erratiques. Il entre en politique, l’autre versant de sa vie. En musique, c’est un géant qui vient de tomber.


Mfumu

Légendes et crédits photo : 

Photo : Tabu Ley. (© DR)