Les Dépêches de Brazzaville



Transport aérien : l’Afrique toujours pas compétitive


L’Afrique est un continent en constante mutation mais elle ne profite pas, ou pas suffisamment, de ses potentialités réelles dans plusieurs secteurs porteurs de développement économique. Jusqu’à un proche passé, la majorité des vols internationaux en direction de l’Afrique était assurée par des compagnies étrangères au grand dam de quelques géants de la région. Et la tendance n’a guère changé au fil des années. L’Afrique est réputée comme l’une des régions les plus coûteuses. Il revient moins cher de voyager au sein de l’Europe, du Moyen-Orient et des villes d’Amérique du Nord : « Pour les mêmes distances, les billets d’avion coûtent deux fois plus chers en Afrique qu’en Europe ou qu’aux USA, et trois fois plus chers qu’en Inde », révèle l’Afraa. Par conséquent, cela réduit considérablement la mobilité des voyageurs africains par rapport à leurs homologues d’autres régions. Et la liste des contraintes peut s’allonger sans fin.

Comme le soutiennent plus d’un observateur averti, l’Afrique ne peut prétendre rivaliser avec d’autres régions du monde. Mais que pense l’Afraa ? Plus de 80 % du trafic international transporté sur le continent est assuré par les membres de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa). Créée en 1968, cette association réunit actuellement quarante membres. Autant parler d’un véritable acteur incontournable en Afrique. Elle se donne pour mission principalement de travailler pour la promotion des services de transport aérien sûrs, fiables, économiques et efficients en Afrique. Elle est plutôt bien positionnée pour capter une clientèle africaine plus diversifiée et surtout plus exigeante. En effet, l’expansion rapide de la classe moyenne africaine et les projections de croissance intéressantes de la région sont des paramètres qui pèsent de plus en plus lourdement lors de la définition des stratégies commerciales des compagnies aériennes africaines. L’on comprend mieux les raisons de la projection d’une croissance de 6 % l’an au cours des vingt prochaines années.

En parlant de l’opinion de l’Afraa quant à une perspective de redistribution des cartes dans l’industrie aéronautique africaine, il y a sa proposition qui revient à chaque fois. Selon elle, en ordre dispersé, les compagnies aériennes africaines ne grignoteront pas d'importantes parts de marchés. « L’Afrique est devenue une nouvelle terre promise pour le développement du transport. (…) Mais pour tirer profit de toutes ces statistiques, l’Afraa estime que seule une Alliance des compagnies aériennes africaines serait en mesure de prendre des parts de marché aux transporteurs internationaux qui dominent actuellement le ciel africain ». Par ailleurs, elle appelle naturellement à une concertation des parties prenantes du secteur aérien en Afrique pour trouver des solutions. Les grands thèmes à l’ordre du jour des prochaines concertations africaines devront intégrer les problématiques du niveau élevé des frais, taxes et redevances ; des coûts financiers et d’assurance élevés pour acquérir les aéronefs ; de la très faible connectivité intra-africaine ; de l’accès limité aux marchés et du coût élevé du kérosène (plus de 35 % du coût total d’exploitation des compagnies aériennes) ; de la faible convertibilité des monnaies locales (les frais généraux étant engagé souvent en devises fortes), etc. Au regard de ses nombreux obstacles, il est difficile pour les compagnies africaines de proposer des tarifs compétitifs aux passagers.
 


Laurent Essolomwa