Les Dépêches de Brazzaville



Voir ou revoir : « Hybride » de Ori Huchi Kozia


Histoire de panique, d’urgence et de folie, « Hybride » est une aventure captivante qui fait voyager le téléspectateur dans différents univers de l’acteur principal, incarné par Sorel Boulingui. Celui-ci se balade de vie en vie dans le même temps mais pas dans le même espace. Au fur et à mesure de ses aventures comme celle où il découvre qu’il n’est pas le père biologique de ses deux enfants bien aimés ou celle où il est le père d’un fils dont la mère veut se débarrasser, sa véritable identité est mise à rude épreuve, tantôt se confondant et tantôt se raccordant…

Cette fiction a le mérite de rendre mystérieuse les scènes qui se déploient à mesure que la trame se déroule. Découpée en plusieurs parties, chacune avec son aventure, la seule jonction que laisse entrevoir l’auteur du film, c’est par exemple, celle de la représentation d’une société où règnent spiritisme, pouvoir, déloyauté, fourberie et pauvreté. Et pour peindre cela, Ori Huchi Kozia a choisi le surréalisme, tout en misant sur l’allégorie afin d’interpeller l’imagination de chacun.

Il est clair que le scénario étendu et parfois rêveur, le manque de réactivité habituelle espéré par les cinéphiles congolais, la constance de la caméra sur les objets, la fermeté des dialogues, le tout manifesté dans une atmosphère chaotique, ont permis aux cinéphiles congolais, encore peu digestes de ce genre cinématographique à l'époque, de savourer un cinéma obscur qui appelle à l'intelligence et à l'examination profonde du public. A ce propos, la motivation de l’auteur pour cette œuvre est toute simple : « Pas de préambule pour s’imaginer la suite du récit. Tout est mélangé et arrivera ce qui doit arriver ». Un choix qu’assume entièrement le cinéaste congolais car, pour lui, faire des films n’est pas synonyme de s’identifier à qui que ce soit, le plus utile étant de satisfaire le public en osant quelquefois des univers jusque-là non exploités.

Notons que le film « Hybride » a bénéficié de la collaboration de plusieurs acteurs congolais au talent affirmé, à l’instar de Sorel Boulingui, Harvey Massamba, Cleyde Ntari, Louis Moumbounou, Fred Balekita, Dodelvia Itoua.


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR