Les Dépêches de Brazzaville



Voir ou revoir : « Minga et la cuillère cassée » de Claye Edou


D’une durée d’environ 1h 20 min, " Minga et la cuillère cassée" met en scène les aventures d'une orpheline, nommée Minga. La jeune fille est hébergée par sa marâtre, Mami Kaba, qui la tourmente et l’accable de corvées au quotidien. Un jour, pendant qu’elle fait la vaisselle, Minga casse, par inadvertance, une petite cuillère. Cet acte irritera tellement Mami Kaba qu’elle n’hésitera pas une seule seconde à la mettre à la porte. « Tu ne reviendras dans cette maison qu’à condition que tu ne me remplaces ma cuillère, par celle de ta mère », lui lance-t-elle méchamment.

Perdu dans le brouillard de la vie, Minga va devoir se battre pour s’en sortir toute seule. Débute alors pour cette petite héroïne une véritable aventure ponctuée de doutes, d’amitiés, de mélodies et de biens d’autres surprises.

Les sept chants qui se font entendre à travers le dérouler du film sont typiquement des sonorités africaines. Employant la technique du dessin animé en deux dimensions, "Minga et la cuillère cassée" est film très coloré qui exalte un doux parfum d’égaiement et de bonne humeur. Avec des personnages uniquement africains, ce film d’animation est une ode à la nature, culture, créativité et aux valeurs du continent,  particulièrement celles du Cameroun.

L'histoire du film puise sa source, en effet, du conte camerounais "La cuillère cassée", paru dans les années 1972, dans le recueil "Les Contes du Cameroun" de Charles Binam Bikoi et Emmanuel Soundjock. Entièrement conçu et tourné dans ce pays, sa production a coûté près de vingt-cinq millions francs CFA. 

"Minga et la cuillère cassée" se positionne comme le premier long métrage animé entièrement réalisé au Cameroun. Un précédent long métrage d'animation, "Turbulences", avait déjà été réalisé par le Camerounais Daniel Kamwa mais il n’était pas entièrement produit dans le pays.

En 2018, cette œuvre est projetée dans plusieurs festivals internationaux. En avril, il est présenté pour la première fois au Canada, lors du trente-quatrième festival international de cinéma Vues d'Afrique, à Montréal (Québec). En juillet, il reçoit la mention spéciale pendant le vingt-deuxième festival Écrans noirs, à Yaoundé-Douala. Par ailleurs, ce film est projeté au treizième festival Cinémas d'Afrique, à Lausanne (Suisse, en août 2018 et à Paris, en France, dans le cadre du Festival international des films de la diaspora africaine, en septembre 2018.

En dépit de sa nature comique, l'oeuvre dénonce fortement l’injustice familiale. Elle enseigne que la vie est un long voyage et le mal qu’on fait finit toujours par nous détruire. D’un autre côté, à travers le personnage principal, Minga, le réalisateur veut montrer aux téléspectateurs que malgré les coups durs de la vie, on a toujours le choix entre se laisser écraser ou se relever. Une manière de faire prendre conscience qu’en chacun de nous résidera toujours une force cachée, indispensable en cas de difficulté.


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film