Les Dépêches de Brazzaville



Voir ou revoir : « Sema » de Macherie Ekwa Bahango


Le scénario de « Sema » a été écrit de manière collective par le Mouvement des Survivant(e)s, une ONG basée en République démocratique du Congo (RDC) qui se bat pour la reconnaissance des droits des femmes et la lutte contre les agressions sexuelles dont elles sont régulièrement victimes.

Cette réalisation de Macherie Ekwa Bahango raconte le quotidien de deux survivantes des violences sexuelles, incarnées par Sandra Bonve et Armande Mahabi. Les deux personnages font face au rejet de leurs communautés respectives. Par ailleurs, ce long-métrage aborde le quotidien de Mungi, cet enfant issu d’un viol qui n’arrive pas à se faire accepter au sein de sa communauté.

« Sema » qui veut dire « parle » en swahili, est un plaidoyer en faveur de l’égalité des sexes, de l’accès des jeunes filles à l’éducation ainsi qu'à un système judiciaire équitable. Ce long-métrage dramatique de quarante-cinq minutes est une tribune pour les victimes qui réclament justice et réparation. « Où êtes-vous, bande de peureux ? Où êtes-vous pour protéger vos sœurs et vos mères ? », s’insurge Matumaini, également acteur dans cette fiction, qui dénonce l’inertie des hommes face aux abus dont sont victimes les femmes.

A en croire Macherie Ekwa Bahango, la participation de plusieurs survivantes dans la réalisation de ce film a constitué pour elles une véritable thérapie. En effet, elles ont pu faire ressortir leur douleur, briser le silence, donner de l’espoir à d’autres victimes et surtout réaliser qu’elles ne voulaient plus que cela se répète encore et encore dans leur environnement.  

Tourné en swahili et sous-titré en français, « Sema » est un moyen de sensibilisation destiné aux communautés où le viol sévit fortement. « L’objectif du film est de montrer combien c’est pénible pour une victime de devoir vivre avec ces atrocités qu’elle a endurées, mais aussi de devoir affronter le regard des autres », affirme Maud-Salomé Ekila, directrice de production du film, précisant que le film est également destiné aux pays occidentaux d’où partent tous les conflits. « Ce sont les conflits pour les minerais financés par les multinationales qui ont ramené le viol comme arme de guerre au Congo. Le fait de présenter le film dans ces pays permet de faire un plaidoyer directement à la source du problème », a-t-elle ajouté.

Tourné par une équipe exclusivement composée de jeunes congolais, « Sema » fait déjà partie de la sélection officielle des festivals comme le Nice International Film Festival ou encore l’Africa Film Festival.


Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- L’affiche du film/DR, 2- , Macherie Ekwa Bahango, la réalisatrice du film/DR