Les Dépêches de Brazzaville



Wlilfried Massamba : « On est taxé comme une entreprise normale, ce qui ne devait pas être le cas »


Les Dépêches de Brazzaville : Pourquoi avoir ouvert l’espace Basango?

Wilfried Massamba : C’est un projet qui existe depuis six ans déjà. On a commencé avec un petit centre de 30 mètres carrés à cinquante mètres d’ici. Le but était de s’agrandir et de donner à la population de Pointe-Noire un endroit où il pourrait trouver tout ce qui concerne la culture et les arts. Un centre accueillant où l’on peut venir suivre des spectacles, consulter des bouquins ou surfer autour d’une tasse de café, d’un thé, et pourquoi pas d’un verre de vin. En un mot, un café des arts ou tout le monde se retrouve. Un centre qui a rapidement trouvé une place de choix au sein de la population « ponténégrine ».

L.D.B : Comment expliquez-vous cette fidélisation ?

W.M: Le public trouve un autre accueil ici. Il se sent chez lui car c’est en même temps un café-bar où l’on peut surfer, discuter entre amis autour d’un livre, d’une exposition ou d’un spectacle. Un moyen de vous requinquer et de repartir avec pleines de bonnes idées. En plus, nous essayons dans la mesure du possible de varier les prestations pour que tout le monde se retrouve, et d’établir une communication permanente et renouvelée via le Net pour que le public puisse s’approprier cet endroit.

L.D.B : Qui joue dans votre espace ?

W.M: Notre scène est ouverte à tout artiste congolais qui veut se produire. Évidemment nous avons aussi quelques hôtes qui viennent d’ailleurs. Pourquoi la priorité aux Congolais ? Simplement parce que parce c’est avant tout un centre congolais. Je suis congolais, mon épouse est Congolaise d’origine colombienne et c’est tout à fait normal que les artistes congolais trouvent ici une visibilité. On n’étiquette pas les artistes à Basango contrairement à d’autres centres. Ici, les portes sont ouvertes. On donne donc aux artistes cette possibilité de pouvoir s’exprimer, de nous emmener leurs projets, de pouvoir les accompagner dans leur travail en leur apportant notre aide pour que leur projet voit le jour. On met notre savoir-faire à leur disposition, et on laisse libre cours aux artistes de pouvoir s’exprimer sans les enfermer dans une boîte.

L.D.B : En six ans d’existence, avez-vous rencontré des difficultés ?

W.M : C’est très difficile de tenir dans un pays comme le Congo où la culture est très peu valorisée. Cela nous coûte très cher, mais on se bat au quotidien. On est taxé comme une entreprise normale, ce qui ne devait pas être le cas. Nous sommes une entreprise culturelle. On a donc dû prendre le label de fondation en espérant alléger les coûts de fonctionnement et d'entretien de la structure. On tient le coup.

L.D.B : Qu’est-ce qui a motivé votre installation au Congo ?

W.M : J’ai acquis beaucoup d’expérience en étant hors du Congo. En rentrant, j’ai voulu faire profiter aux Congolais ce que j’ai appris ailleurs où il y a tout en matière d’art. Je suis allé apprendre, comprendre, voir et faire. L’objectif maintenant est de mettre en pratique tout ce que j’ai appris. Pourquoi le faire ailleurs lorsque j’ai un "chez moi" où je peux partager mon savoir-faire. Les Congolais doivent comprendre que l’art et la culture sont très importants. On doit s’approprier notre culture, pour mieux la comprendre, pour mieux avancer sinon on se perd. D’où cet espace que j’espère sera une référence en matière d’art et de culture.

 


Propos recueillis par Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Wilfrid Massamba