Mali : les autorités demandent une présence accrue de Casques bleus dans le centre

Jeudi 13 Juin 2019 - 13:15

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Le besoin présenté, le 12 juin au Conseil de sécurité, par le ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, est très mal accueilli par certains Maliens qui estiment que Bamako devrait tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de sa population plutôt que de solliciter l’aide des Nations unies, rien que pour des violences intercommunautaires, a-t-on appris.

« Nous avons du mal à comprendre qu’un Etat agisse de la sorte alors qu’il a des moyens pour protéger ses citoyens », a regretté un responsable de la société civile sous le couvert d’anonymat. « Que fait le G5 Sahel, la force régionale qui a été créée pour que les Etats de la région prennent en charge la sécurité au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie et au Tchad ? », s’est-il interrogé.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à son pays, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, avait demandé une « présence accrue » de Casques bleus dans le centre du pays, où un nouveau massacre interethnique vient de se produire. « Le gouvernement demande une présence accrue de la (mission de l’ONU) Minusma dans les régions du centre du Mali, aux côtés des forces de défense et de sécurité du Mali, afin de contribuer à protéger la population civile et ses biens, afin de mettre un terme au cycle de la violence pour permettre le retour de l’administration et des services sociaux de base », a déclaré le chef de la diplomatie malienne. Tiébilé Dramé a ajouté : « Cette présence accrue est la condition du succès du processus politique que nous allons engager dans les prochains jours (…). Ce renforcement de la présence de la Minusma au Centre ne doit pas se faire au détriment des régions du nord du Mali car nous ne voulons pas créer un vide sécuritaire dans cette partie de notre pays qui pourrait être occupée à nouveau par les forces hostiles au processus de paix ».

Le ministre malien des Affaires étrangèresa, en outre, a indiqué que « la crise du centre du Mali est le prolongement de la crise du nord et une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012 et 2013 par les groupes terroristes », qui recrutent notamment dans la population locale.

Une attaque perpétrée dans la nuit du 9 au 10 juin contre le village dogon de Sobane-Kou, dans le centre du pays, a fait trente-cinq morts, dont vingt-quatre enfants. Les violences intercommunautaires dans cette partie du pays avaient culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque cent soixante villageois peuls, attribué à des chasseurs dogons.

Signalons que depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs groupes d’autodéfense. Tout cela se passe alors que le renouvellement de la Minusma (environ quinze mille militaires et policiers) arrive à échéance fin juin.

 

 

Nestor N'Gampoula

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