Egypte 2019 : Oppositions de style, groupe de la mort et duels au sommet

Jeudi 20 Juin 2019 - 22:30

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Compétition à vingt-quatre équipes oblige, cette CAN égyptienne comprendra six groupes au lieu de quatre. Les Dépêches de Brazzaville font l’état des lieux des forces en place.

Groupe A : le 4-2-3-1 à toutes les sauces

Si dans ce groupe A le système du 4-2-3-1 est privilégié par les quatre sélectionneurs (même si Florent Ibenge affectionne aussi le 4-3-3), les stratégies diffèrent. En effet, la République démocratique du Congo (RDC) mise beaucoup sur son avant-centre, Cédric Bakambu (huit buts en dix-sept matchs de sélection), pour finir les actions. Ainsi, les ailiers Bolasie et Mpoku (neuf et six buts en trente-cinq et dix sélections) jouent pour lui. Trésor Mputu (quatorze buts en quarante-quatre sélections depuis 2004), placé en soutien du joueur africain le plus cher de l’histoire, est désormais davantage un chef d’orchestre qu’un finisseur.

Au Zimbabwe et en Ouganda, l’avant-centre est avant tout un pivot, rapide et mobile, pour servir de point d’appui. Ainsi, Tino Kwadere pour les Warriors et Kaddu pour les Cranes permettent à Musona ou Billiat d’une part, et Miya d’autre part, de conclure les actions.

En Egypte, tout tourne évidement autour de la star Mohamed Salah. Joueur complet, il sait marquer et faire marquer, jouer dans les petits périmètres et prendre la profondeur. En soixante-neuf sélections, il totalise trente-neuf buts et vingt-deux passes décisives. Une stratégie à lui tout seul….

Groupe B : le Nigeria favori devant deux novices

Le Nigeria (45e mondial) est logiquement favori du groupe B basé à Alexandrie, dans lequel se trouve le Burundi, la Guinée et Madagascar. Le Nigeria fait son retour dans la compétition continentale après six années absence. Vainqueur de l’édition 2013, il a terminé en tête du groupe E lors des éliminatoires. Les Super Eagles qui sont trois fois champions d’Afrique (1980, 1994 et 2013) joueront la compétition pour la dix-septième fois avec pour ambition d’atteindre au moins le dernier carré.

Finaliste de l’édition 1976, le Syli national de Guinée (71e mondial) participera à sa douzième CAN après 1970, 1974, 1976, 1980, 1994, 1998, 2004, 2006, 2008, 2012, et 2015. Depuis la finale perdue en 1976, la Guinée n’a jamais dépassé les quarts de finale de la CAN.

Les Hirondelles du Burundi (134e mondial) et les Barea (Zébus) de Madagascar (108e mondial) participeront à la première phase finale d'une CAN de leur histoire. Attention, ces deux novices ne viendront pas en victimes résignées.

Groupe C : Sénégal-Algérie, le match attendu

Désigné parmi les favoris pour la consécration finale, le Sénégal est logé dans le groupe C avec des sélections et non pas les moindres comme l’Algérie. Sénégal-Algérie sera le match clé de ce groupe, composé de deux équipes francophones contre deux anglophones (Tanzanie et Kenya). Ce groupe jouera ses matches au Caire.

Le Sénégal (22e mondial) n’a jamais gagné la CAN et reste sur une finale perdue en 2002, au Mali, contre le Cameroun. Eliminés à la dernière CAN en quarts de finale par les mêmes Camerounais, les Lions de la Teranga espèrent cette fois –ci se hisser sur le toit de l’Afrique grâce à ses talentueux joueurs. En Egypte, le Sénégal disputera sa quinzième CAN après 1965, 1968, 1986, 1990, 1992, 1994, 2000, 2002, 2004, 2006, 2008, 2012, 2015, et 2017.

Les Fennecs de l’Algérie (68e mondial) n’ont remporté la CAN qu’une seule fois, en 1990, à domicile, alors qu’ils se donnent depuis seize éditions les moyens pour ajouter une deuxième étoile. Depuis lors, l’Algérie n’a plus joué la finale. Sa meilleure performance de ces dernières années remonte en 2010 en Angola lorsqu’elle a disputé pour la première fois, après 1990, les demi-finales de la CAN. En Egypte, l’Algérie tentera d’égaler ce record.

A l'issue de quinze ans d’absence, les Harambee stars du Kenya (105e mondial) retrouvent la CAN tandis que les Taifas stars de la Tanzanie (131e mondial) reviennent sur scène trente-neuf ans après.

Groupe D : trois anciens champions dans le groupe de la mort

Dans le groupe D, l'on retrouve trois anciens champions d’Afrique : la Côte d’ivoire (1992 et 2015), le Maroc (1976) et l’Afrique du Sud (1996).

Les Eléphants de la Côte d’Ivoire (62e mondial) n’avaient pas su défendre leur titre lors de la dernière CAN, à Libreville. Ils étaient éliminés prématurément en 2017. La bande à Nicolas Pépé veut relever la tête. En Egypte, la Cote d’Ivoire disputera sa 23e CAN.

Les Lions de l’Atlas du Maroc (47e mondial) participent, quant à eux, à leur seizième CAN. Finaliste malheureux en 2004, le Maroc veut faire mieux que lors de la dernière édition où il était éliminé en quarts de finale.

Présents à toutes les récentes éditions depuis 1996, à l’exception de 2010 et 2017, les Bafana-Bafana d’Afrique du Sud (72e mondial) participent à leur 10e CAN. Un sacré client pour la Côte d’Ivoire et le Maroc.

Pour leur part, les Namibiens ou les Braves warriors (113e mondial) participeront à leur troisième CAN en Egypte après 1998 et 2008. Ils tenteront de franchir le premier tour pour la première fois de leur histoire.

Groupe E : un groupe, quatre oppositions de style

Avec une équipe maghrébine, une équipe d’Afrique centrale et deux d’Afrique de l’ouest, ce groupe promet quelques oppositions de style et un derby fratricide. Chez les Aigles du Mali, l’arme fatale s’appelle Moussa Marega. Le puissant attaquant du FC Porto est un poison pour les défenses. Son association avec le jeune prodige Sekou Koïta (vainqueur de la CAN U20 et récent quart de finaliste du mondial de la catégorie) pourrait offrir une option tactique supplémentaire à Mohamed Massagouba.

Du côté de la Tunisie, la clé s’appelle Wahbi Khazri. Le milieu offensif aux quinze buts en quarante-quatre sélections alterne les postes de meneur de jeu dans le 4-2-3-1 ou de fausse pointe pour faire jouer ses coéquipiers. Et dans les deux cas, le gaucher est souvent décisif.

L’Angola avec ses nombreux joueurs passés par le Portugal, le 4-2-3-1 est le schéma préférentiel du Serbe Srdjan Vasilijevic. Offensivement, il s’articule sur le trio Djalma-Dala-Matheus. Trois « petits modèles » (1m 76), mobiles, qui peuvent intervertir les postes sur le front de l’attaque.

Equipe surprise du groupe, la Mauritanie a joué les éliminatoires en 4-3-3 porté vers l’avant, avec Ba ou Diakité en pointe et des ailiers qui n’hésitent pas à repiquer. C’est pourtant en 4-4-2 puis en 4-1-4-1 que les Mauritaniens ont joué (et perdu) leurs matchs de préparation à la veille de cette CAN. Un bon choix de Corentin Martins, vraiment ?

Groupe F : les égo ghanéens, Choupo Moting capitaine du Cameroun

Le Ghana devrait jouer la CAN dans son 4-4-2 habituel, qui lui permettrait d’aligner en même temps les frères Ayew, Jordan devant, André à l’aile, Atsu à l’opposé, et un autre attaquant, qui pourrait être Asamoah Gyan ou le prometteur Caleb Ekuban. Mais il faudra avant tout gérer les égo.

En Guinée Bissau, depuis la retraite internationale de Semedo, le rôle de finisseur est dévolu à Frédéric Mendy, le grand (1m91) attaquant du Vitoria Setubal. Autour de lui, deux anciens internationaux portugais U18 et U20, Toni Silva, longiligne ailier pas très adroit face au but, et Piquieti, petit gaucher dribbleur, essaient d’animer et de lui remonter les ballons. En soutien, le capitaine Zezinho est à la baguette.

Avec six buts en douze sélections, Steve Mounié ne s’est pas encore invité à table des grands buteurs africains. Mais il s’est installé à la pointe de l’attaque des Ecureuils du Bénin. Que ce soit dans le récent 5-4-1 ou dans le 3-4-2-1 utilisé durant la plupart des matchs des éliminatoires. Michel Dussuyer, le sélectionneur du Bénin, lui associe parfois des ailiers purs, type Sokou ou Djigla, pour écarter le jeu. Ou les anciens Poté et Sessegnon, aux déplacements plus axiaux.

Sacré en 2017 avec Vincent Aboubakar en pointe, le Cameroun de Clarence Seerdorf arrive en Egypte sans l’attaquant du FC Porto. Auteur d’une bonne saison à Villarreal (dix-huit buts et sept passes décisives en quarante-trois matchs), Toko Ekambi fait office de succésseur naturel. L’Angevin Bohaken (onze buts et deux passes décisives en trente-deux matchs de Ligue 1) postule aussi ce rôle. L’un ou l’autre devra s’exiler sur une aile. Meilleur joueur de l’édition 2017, Bassogo devrait tenir l’autre côté.

Intronisé capitaine par Seerforf, le 19 juin, le Parisien Choupo-Moting sera de fait un titulaire au coup d’envoi du tournoi, probablement au poste de numéro 10.

 

Camille Delourme et Rude Ngoma (stagiaire)

Légendes et crédits photo : 

Cédric Bakambu, ici à la CAN 2017 face au Maroc, évoluera à la pointe du système offensif mise en place par Florent Ibenge (AFP) Rivaux pendant les éliminatoires, l’Afrique du Sud de Lebo Mothiba et le Nigeria de Leon Balogun se retrouveront-ils lors de cette CAN 2019 (AFP) Comme en 2017, le Sénégal de Moussa Konaté va retrouver l’Algérie de Yacine Brahimi, pour l’un des duels les plus attendus du tournoi (AFP) Le Camerounais Toko Ekambi est le successeur naturel de Vincent Aboubakar, l’habituel canonnier des Lions Indomptables (AFP)

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