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Et le Marché commun africain vit enfin le jour …

Lundi 1 Juillet 2019 - 12:18

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Dans moins d’une semaine, le 7 juillet très exactement, sera ouverte officiellement, lors du Sommet de l’Union africaine qui se tiendra à Niamey, capitale du Niger, la Zone de libre-échange continentale africaine qui marquera un tournant décisif dans l’émergence du continent sur le plan économique et financier. Mais qui, surtout, fera de l’Afrique, à échéance d’une dizaine d’années, c’est-à-dire le temps nécessaire pour abaisser réellement les barrières douanières existantes, le plus grand des marchés de la planète puisque, deux décennies plus tard, celui-ci comptera quelque deux milliards de consommateurs.

Cinquante-deux Etats sur les cinquante-cinq que compte l’Union africaine ayant signé le traité fondateur de cette communauté hors norme et vingt-quatre l’ayant à ce jour ratifié, le Marché commun africain ne relève plus du rêve, du phantasme mais de la réalité bien concrète. Et même si de nombreuses questions se posent encore quant à sa mise en œuvre sur le terrain étant donné la diversité des sociétés et des régimes politiques qui composent aujourd’hui l’Afrique, les effets positifs de sa mise en œuvre se feront très rapidement sentir, tant au plan individuel que collectif.

Alors, en effet, qu’actuellement 15 % seulement des biens échangés sur le continent en sont directement issus, les experts de tous bords estiment qu’à échéance de cinq ans, le commerce interafricain concernera 52 à 55 % de ces mêmes biens. Ce qui aura comme résultat immédiat d’augmenter de 3, 4 ou 5 % le produit intérieur brut de la plupart des pays africains. Une avancée spectaculaire à laquelle la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement vient de consacrer un rapport qui fait grand  bruit dans les cercles diplomatiques mondiaux puisqu’il confirme le fait que l’Afrique sera demain l’un des acteurs principaux de l’économie mondiale.

S’il est vrai que ce bond en avant matériel ne profitera pas de façon égale à tous les peuples du continent et n’ira pas sans provoquer des tensions entre les différentes communautés qui se le partagent– Cédéao, Cémac, CEEAC, UMA, Uémoa, Cen-Sad, Cirgl, Comesa, Igad, EAC, SADC, COI – sa concrétisation, désormais certaine, va modifier en profondeur l’équilibre planétaire actuel. Une autre réalité bien concrète que les grandes puissances comme la Chine ont anticipé avec sagesse depuis des années, en se positionnant là où les anciennes puissances coloniales s’étaient sinon retirées du moins réduites, considérant que l’Afrique n’était pas encore entrée dans l’Histoire comme l’avait énoncé de façon quelque peu maladroite l’ancien président français, Nicolas Sarkozy.

Une chose est certaine, en tout cas : le lancement officiel du Marché commun africain, le 7 juillet, à Niamey, marquera un tournant décisif dans l’affirmation de l’Afrique sur la scène internationale. Et, de ce fait, il donnera aux Etats du continent l’outil qui leur manquait pour obtenir enfin la réforme en profondeur de la gouvernance mondiale que leur poids humain justifie dès à présent.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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