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La corruption primaire également dangereuse !

Samedi 7 Septembre 2019 - 15:35

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En des termes plus simples, la corruption est une perversion sociale qui met en jeu le corrupteur et le corrompu dans les intérêts avoués, d’une part, pour le corrupteur d’obtenir des avantages particuliers et, d’autre part, pour le corrompu d’obtenir une faveur, soit financière en rapport avec sa complaisance. En revanche, la corruption dite primaire est celle qui se passe au su et au vu des citoyens et tend à devenir une valeur normative alors qu’elle n’en est rien du tout. Elle se limite à des sommes d’argent qui dépassent rarement 50 000F CFA.

Cette corruption est aussi plus dangereuse en ce sens qu’elle est à la fois visible et difficile d’arrêter. Elle détruit la société à petit feu. En langage vernaculaire, elle est communément appelée « madesu ya bana », autrement dit « pots de vin ».  Elle s’incorpore volontairement dans tous les domaines de la vie humaine, de la famille à l’administration. Elle est présente dans le paysage politique, dans les corporations policières, douanières, bancaires, dans l’enseignement, dans le sport, à l’armée, dans les églises, dans les mairies, dans les hôpitaux, dans les sociétés de fourniture d’eau et d’énergie pour ne citer que ces instances.

Comment comprendre que certains agents de l’ordre qui arrêtent un véhicule pour des éventuels contrôles se permettent d’en pocher au vu et au su des gens de l’argent que celui qui est au volant du véhicule leur tend ?  Cela se passe sur les routes nationales, avenues et artères de nos villes. A l’enseignement, un parent qui sait pertinemment que son enfant n’a rien « fait » pour passer en classe supérieure se permet d’aller voir les responsables de l’établissement pour des arrangements en termes d’argent. Au niveau des frontières, ceux qui sont appelés à faire exécuter certains textes pour la bonne marche de la République se transforment en « receveurs d’argent complaisants » pour assouvir leurs intérêts et laisser fonctionner le désordre.

En sport, cela est connu de tous. Ceux qui ont la charge de conduire des formations sportives se permettent d’en pocher de petits pourcentages soutirés sur les cachets des joueurs et malheurs à ceux qui n’accepteraient pas ces arrangements. C’est de la corruption primaire. Dans les hôpitaux, pour être vite reçu, il faut être dans le jeu de l’homme soignant, c’est-à-dire son « jus ». C’est de la corruption primaire. Même chose dans les mairies, où tous les services publics gratuits sont transformés en services privés payants.

Oui, c’est connu de tous, ceux qui sont chargés d’exécuter les opérations de coupure au niveau des services de fourniture d’eau et d’énergie se transforment en puissants « décideurs ». Ils concluent leurs « petits marchés » avec certains clients afin que l’échéance de coupure soit retardée. Au niveau des églises, à moindre dispute entre les responsables d’une assemblée religieuse, des pôles de commandement naissent, et de façon « honteuse », les meneurs se mettent à détourner volontairement, moyennant de l’argent, la liberté religieuse de certains fidèles pour peupler leurs petites « congrégations » dissidentes et naissantes. 

Ce sont donc là des antivaleurs qui gangrènent le « vivre ensemble », car la corruption a pour but essentiel de donner des avantages à certains alors que la société n’est pas constituée que de ces « corrupteurs » et de ces « corrompus ». La cité étant faite de tous, il est temps que ceux qui ont la charge républicaine de la conscientisation des citoyens pour l’éradication des antivaleurs prennent à bras le corps ce dangereux fait, à travers des campagnes moralisantes, sinon ce fléau qui se généralise progressivement deviendra un vrai scaphandre que tout le monde portera.

   

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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