Détournement présumé de quinze millions de dollars : le procureur général de la République se saisit du dossier

Mercredi 18 Septembre 2019 - 13:12

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Dans un communiqué publié le 17 septembre, Flory Kabange Numbi met en garde contre toute tentative de nature à obstruer la poursuite de l'enquête ouverte par ses services.

L’affaire de la disparition des quinze millions de dollars dans les dédales de la présidence de la République continue de faire tâche d’huile. Après l’obstruction faite à l’Inspection générale des finances d’enquêter au motif qu’elle n’était pas habilitée à investiguer là-dessus sur injonction de l’Agence nationale de renseignement qui aurait outrepassé ses prérogatives constitutionnelles, le dossier se trouve, pour l’heure, sur la table du procureur général de la République. C’est le 17 septembre, en effet, que Floribert Kabange Numbi s’est saisi officiellement de l’affaire et, sans tarder, a vite fait de lâcher ses services sur le terrain. Dans un communiqué publié le même jour, le procureur général de la République a mis en garde contre toute tentative de nature à obstruer le déroulement de l'enquête.

A toutes les parties concernées par cette affaire, il les a exhortées à « s'abstenir d’interférer par des actes, propos et déclarations intempestifs et inopportuns de nature à porter préjudice à l’enquête » qui, a-t-il fait savoir, doit se poursuivre en toute sérénité.

A tort ou à raison, le nom du directeur de cabinet du chef de l’Etat est abondement cité dans cette nébuleuse affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mis en cause par une frange d’ONG de droits de l'homme dans ce supposé détournement de quinze millions de dollars provenant de la décote du montant dû par le gouvernement aux sociétés pétrolières installées dans le pays pour compenser le gel des prix du carburant, Vital Kamerhe plaide non coupable et continue d’afficher un calme inébranlable nonobstant les insinuations malveillantes dont il est l’objet.

« Il n’y a jamais eu de détournement », n’arrête-t-il de marteler. « Mon nom n’apparaît pas dans le rapport de l’IGF (…) Ces quinze millions proviennent d’une ligne de crédit de cent millions de dollars qui avait été ouverte par le ministère de l’Economie. Il s’agit d’une décote et c’est une opération régulière. Lorsque l’IGF a porté plainte auprès de l’inspecteur général de la brigade contre les crimes économiques, celui-ci a classé le dossier. C’est bien la preuve qu’il n’y a jamais eu détournement », s’est expliqué Vital Kamerhe dans une récente interview à Jeune Afrique. Et de renvoyer la balle au ministère de l’Economie ayant autorité sur le comité de suivi des prix pétroliers. Dans son entendement, c’est peut-être là qu’il faudrait aller fouiner pour en savoir un peu plus sur la destination des fameux quinze millions.

Qu’à cela ne tienne. Du côté du chef de l’Etat, motus et bouche cousue, dès lors que l’affaire est portée devant les instances judiciaires. Félix Tshisekedi avait reçu dernièrement, dans son cabinet de travail, l'inspecteur général des Finances, Victor Batubenga, l’encourageant simplement dans sa tâche. « L'IGF ayant transmis le dossier à la justice, le président ne peut plus s'exprimer là-dessus », a indiqué son porte-parole, Kasongo Mwema, évoquant le respect d’un principe purement démocratique.   

Alain Diasso

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