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A la croisée des chemins …

Samedi 26 Octobre 2019 - 19:51

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Au lendemain du synode sur l’Amazonie qui a réuni deux cents évêques à Rome pendant trois semaines sous la présidence du pape François, il apparaît clairement que l’Eglise catholique se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. C’est-à-dire obligée de choisir la voie qui lui permettra d’assurer, deux mille ans après sa naissance à Bethléem, à Jérusalem et sur les rives du Jourdain, la continuité de sa présence au sein de la communauté humaine.

Des débats qui se sont déroulés dans la Cité du Vatican ressort, en effet, la conclusion suivante : ou bien l’Eglise adapte ses institutions aux réalités du monde dans lequel nous vivons en permettant notamment le mariage des prêtres et l’accession des femmes au diaconat, mais aussi en mettant un terme aux actes de pédophilie que commettent des membres de son clergé, en réorganisant la gestion de ses finances et en donnant  plus de place dans ses institutions aux prêtres, religieux, évêques, cardinaux issus du Tiers-Monde ; ou bien l’Eglise continue de parler, de débattre sans réellement agir dans ces différents domaines au risque de réduire encore plus de façon drastique les vocations de celles et ceux qui aspirent à opérer dans ses institutions dans le but de conforter sa présence sur les cinq continents.

Dans le second cas, elle s’affaiblira inéluctablement comme cela se confirme année après année, là même où elle s’est développée, c’est-à-dire en Europe, avec l’effondrement des vocations et la perte d’influence morale de l’Eglise face aux églises protestantes, évangéliques et autres qui surfent sur cet affaiblissement. Mais dans le premier cas, si elle suit les conseils et les instructions que lui donne le premier pape venu du grand Sud, elle surmontera les nombreux obstacles qui s’élèvent sur sa route, relèvera les défis que génère l’évolution rapide du monde dans lequel nous vivons, affirmera avec force sa volonté d’accompagner plus que jamais l’humanité dans sa longue marche vers le progrès.

Il ne fait aucun doute qu’un tel propos génèrera ici et là de virulentes critiques. Mais l’observation attentive de ce qui se passe au sein du Vatican depuis le retrait du pape Benoît XVI et l’élévation du  pape François sur le trône de Pierre le confirme de façon claire, accablante même diront certains. De même, d’ailleurs, que la publication, ces derniers mois, de rapports qui dénoncent les dérives financières du Vatican (1) et surtout d’ouvrages écrits par les plus hautes autorités de l’Eglise parmi lesquelles figure en très bonne place le cardinal Guinéen Robert Sarah (2) qui soutient, contrairement à ce qui se dit ou s’écrit ici et là, l’action de rénovation de l’Eglise catholique entreprise par le premier pape issu de la très puissante Compagnie de Jésus.

Alors que le progrès technique s’accélère et fait de l’intelligence artificielle un objectif dont le pire comme le meilleur pourrait sortir à brève échéance, rien n’est plus important, à notre sens en tout cas, que les grandes religions s’adaptent au monde à venir. Et, surtout, fassent entendre leur voix avec plus de force face aux très puissants lobbies qui sont mus par la seule recherche de l’argent, du profit, de la domination technique.

Ne nous faisons pas d’illusion : le sort de l’humanité dépend plus que jamais de la morale, de l’humanisme, du respect de l’autre, de la défense des valeurs, des croyances, de la protection de la nature sur lesquels s’est construit le monde présent. Et c’est bien l’enjeu de la réforme de l’Eglise qu’entend mener à bien le pape François.

 

1) Ce livre, écrit par le journaliste Gianluigi Nuzzi, vient de paraître en Italie sous le titre « Guidizia Universale » (Jugement dernier). Il a été présenté par le quotidien français La Croix dans son numéro paru le 23 octobre.

2) Le cardinal Robert Sarah dirige au Vatican la Congrégation pour le culte divin. Il vient de publier un nouveau livre, « Le soir approche et déjà le jour baisse » (entretiens avec Nicolas Diat), qui est édité en France par les Editions Fayard.

 

 

 

1) Ce livre, écrit par le journaliste Gianluigi Nuzzi, vient de paraître en Italie sous le titre « Guidizia Universale » (Jugement dernier). Il a été présenté par le quotidien français La Croix dans son numéro paru le 23 octobre.

2) Le cardinal Robert Sarah dirige au Vatican la Congrégation pour le culte divin. Il vient de publier un nouveau livre, « Le soir approche et déjà le jour baisse » (entretiens avec Nicolas Diat), qui est édité en France par les Editions Fayard.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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