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Que retenir de la COP 25 pour l’Afrique ?

Jeudi 12 Décembre 2019 - 21:17

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Du 2 au 13 décembre s’est tenue la COP 25 à Madrid, en Espagne. Comme lors des précédentes réunions planétaires qui planchent sur les enjeux climatiques, cette COP 25 aura tiré les mêmes conclusions, que les uns et les autres martèlent au fil des ans : vite agir afin de sauver la planète d’un désastre climatique. Les quelque deux cents signataires de l’Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement à un maximum de +2°C sont pressés de toute part pour accélérer leurs réformes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, alors qu’au rythme actuel, la planète se dirige vers une hausse du mercure d’environ 4°C. Si les plus gros émetteurs mondiaux ne font pas leur part, il sera encore plus difficile de limiter la catastrophe.

Au terme des discussions, l’on constate malheureusement que chacun campe toujours sur ses positions. L’enjeu de cette COP25 était notamment de régler les derniers aspects techniques de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les marchés carbone et le mécanisme des pertes et préjudices. On constate simplement que les compromis semblent toujours difficiles à trouver. Plusieurs pays en développement, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, insistent pour que les pays développés respectent leurs engagements pour 2020, dans le cadre du protocole de Kyoto, selon le principe de responsabilité différenciée.

Pour l’instant, seulement soixante-huit pays sont disposés à revoir à la hausse leurs engagements d’ici à 2020. Mais il s’agit de pays en développement, d’Etats insulaires et de pays les moins avancés. Ils ne représentent que 8 % des émissions mondiales selon les experts. Du côté des pays du G20, qui comptent pour 80 % des émissions mondiales, il n’y a aucune annonce concrète. 

Quant à l’Afrique, elle va de plus en plus jouer un rôle important sur les questions climatiques puisqu’elle accueille 17 % de la population mondiale, mais ne représente que 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Sans l’Afrique du Sud et le Maghreb, zone riche en hydrocarbures, ce pourcentage tombe à 1 %.  Le continent est sur le point de basculer vers une voie de développement qui peut soit être propre, soit fondée sur les énergies fossiles.

L’Afrique est donc à la croisée des chemins. Les choix énergétiques faits aujourd’hui pour sa croissance économique détermineront non seulement son développement futur mais aussi si le réchauffement climatique pourra être limité. Deux tiers de la population du continent africain vivent aujourd’hui sans électricité. Si ses Etats ne s’orientent pas vers les énergies propres, ils risquent de suivre la trajectoire fondée sur des énergies polluantes empruntée par des pays comme la Chine et l’Inde, responsables de deux millions de morts prématurées par an.

L’Afrique pourrait abriter au moins la moitié de la croissance de la population mondiale au cours des trente prochaines années, avec un doublement des habitants en zone subsaharienne. Si dans un proche futur l’on doit vivre dans un monde où le réchauffement est contenu à 1,5°, il faut laisser le continent jouer pleinement son rôle de dernier poumon de la planète, mais pour cela, il a besoin de ressources financières et de transferts de technologies.

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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