Libye : Tripoli suspend sa participation aux pourparlers de Genève

Jeudi 20 Février 2020 - 14:01

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Le gouvernement d’union nationale (GNA) a annoncé, dans la nuit du 18 au 19 février, qu'il suspendait sa participation aux travaux de la commission militaire conjointe à Genève, sous l’égide de l’ONU, après des violations répétées de la trêve en vigueur depuis janvier.

« Nous annonçons la suspension de notre participation aux pourparlers militaires qui se déroulent à Genève jusqu’à ce que des positions fermes soient adoptées à l’encontre de l’agresseur (Khalifa Haftar) et ses violations » de la trêve, a indiqué dans un communiqué le GNA, basé à Tripoli et reconnu par l'ONU. Selon l’émissaire des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé, 150 violations de la trêve ont été enregistrées jusqu’à présent, une entrave au processus de paix.

Dans un communiqué, la mission des Nations unies en Libye (Manul) a dit « espérer reprendre le deuxième cycle de négociations de la Commission militaire mixte libyenne (5+5) ». Elle a aussi exprimé « sa condamnation ferme du bombardement du port maritime de Tripoli par l’armée nationale libyenne (ANL, forces du maréchal Haftar) ».

Mardi en début d’après-midi, le port maritime de Tripoli ainsi que celui d’al-Chaab, un port secondaire, ont été la cible de plus de quinze roquettes, malgré l’entrée en vigueur en janvier d’un cessez-le-feu fragile et peu respecté.

Selon Amin al-Hachemi, porte-parole du ministère de la Santé du GNA, trois civils ont été tués et cinq autres blessés.

Ce bombardement « a fait un certain nombre de victimes et aurait pu conduire à une véritable catastrophe si le navire transportant du gaz liquéfié avait été touché », a ajouté la mission onusienne, appelant « à la fin de l’escalade et des actions provocatrices », en particulier « l’expansion de la zone de conflit », avant d’exhorter toutes les parties à recourir au dialogue comme seul moyen de mettre fin à la crise libyenne.

« Mépris continu » de la résolution du Conseil de sécurité

« Il est clair que l’objectif des bombardements systématiques des zones résidentielles, de l’aéroport et du port, en plus du blocage total des installations pétrolières, est de provoquer des crises pour les citoyens dans tous les aspects de leur vie », a noté le communiqué du GNA.

Dans son texte, Tripoli a également condamné les « violations commises avant et pendant la trêve », les qualifiant de « crimes de guerre documentés » nécessitant « des mandats d’arrêt » internationaux.

Il a dénoncé « le mépris continu » de la résolution du conseil de sécurité de l’ONU adoptée la semaine dernière et des décisions du sommet international de Berlin.

Les belligérants libyens avaient entamé mardi une nouvelle série de pourparlers militaires indirects, en présence de l’émissaire des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé. « Sans un cessez-le-feu durable (…), les négociations n’ont aucun sens. Il ne peut y avoir de paix sous les bombardements », a encore souligné le GNA.

Selon la Mission onusienne, malgré les violations persistantes de la trêve fragile, aucune des parties à la commission militaire mixte libyenne n’a renié le principe d’accepter la trêve.

Pour l’instant, les pourparlers de paix organisés à Genève en Suisse sont suspendus. Mise en œuvre à la faveur du sommet international du 19 janvier à Berlin, la commission militaire conjointe est composée, selon le format dit « 5+5 », de cinq membres représentant le GNA, cinq autres le maréchal Haftar, homme fort de l’est libyen dont les forces tentent de s’emparer de Tripoli (ouest) depuis avril dernier, et de l'émissaire des Nations unies pour la Libye.

Josiane Mambou Loukoula

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