Couleurs de chez nous : le boycott

Jeudi 26 Mars 2020 - 20:48

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L’attitude des Congolais depuis que s’est déclarée la pandémie du coronavirus pourrait étonner celles et ceux qui ne connaissent pas ce peuple. Pourtant, tout ce qui se passe traduit la nature des Congolais.

Voici quelques jours que le gouvernement multiplie des déclarations pour sensibiliser la population au virus qui fait déjà des ravages en Asie et en Europe. Or, on peut constater que rien ne semble ébranler les Congolais qui, au-delà des commentaires émis, continuent de vivre selon le rythme habituel.

Dans les rues et avenues de Brazzaville, les veillées mortuaires affichent complet. Il n’est pas exagéré de compter plus de cinquante personnes dans certaines habitations. Les bus qui roulent dans la ville restent bondés tout comme les marchés.

Certaines personnes sont surprises d’entendre parler du coronavirus comme si c’était une fable. La légèreté des réponses est proportionnelle à leur niveau d’insouciance et d’inconscience face au danger. Un comportement dicté par le refus de suivre les chaînes d’actualité. Ce boycott ne concerne pas que les chaînes nationales mais même les télévisions internationales. Pour dire que l’actualité n’est pas la tasse de thé de la majorité des Congolais car, sur ce plan, seuls les « intellectuels » et acteurs politiques y consacrent un peu de leur temps.

Le sport, la musique, les séries télévisées et le « théâtre de chez nous », tels sont les centres d’intérêt des Congolais. Ce qui, sur le terrain, permet à la rumeur de l’emporter sur la vérité ou la bonne information.

En d’autres termes, les circulaires et déclarations des pouvoirs publics, même diffusées le long de l’antenne et publiées sur la une des journaux auront peu d’effet sur les Congolais car ils ne les suivent pas. Les informations leur viennent par le vent dans les bus, les administrations ou les bistrots.

 

C’est avec surprise que les usagers de la route, vendeurs et autres se voient interpellés par la police pour non-respect des mesures. Que visent les mesures sur les écarts suggérés lors de la montée dans les bus ou sur le nombre limité de personnes dans les autobus et taxi bus si ce n’est de renforcer la sécurité sanitaire des populations ?

Des mesures pour le bien de tous que refusent de suivre les Congolais qui y voient une entorse à leur liberté ou une intrusion des autorités dans leur vie quotidienne. Pour certains, l’Etat devrait s’adresser aux fonctionnaires qui « bouffent » son argent et non aux autres citoyens qui se battent pour leur vie.

Pour tout dire : le boycott des mesures par les Congolais explique leur niveau culturel. Bien plus : il interpelle sur cet effort des pouvoirs publics à asseoir l’autorité de l’Etat dans une société où le respect de loi reste un défi./-

 

Van Francis Ntaloubi

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