Coronavirus : la pandémie ravive les craintes de faillites des pays fragiles

Mardi 7 Avril 2020 - 14:30

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La crise du coronavirus ravive les craintes d'une vague de défauts de paiement de pays émergents et moins avancés, suscitant une multitude d'appels aux créanciers à reporter des échéances, voire à annuler partiellement la dette.

A l'image du Liban qui s'est retrouvé en défaut de paiement dès le 9 mars, ou de l'Argentine qui a reporté à l'année prochaine le paiement de près de 10 milliards de dollars de dette, plusieurs pays émergents étaient déjà très affaiblis économiquement avant la pandémie. En Afrique, les taux d'endettement étaient revenus à des niveaux similaires à ceux d'avant les annulations massives de dettes des années 2000. En Amérique latine le niveau d’endettement se rapprochait de celui des années 1980 à l'origine de crises en cascades et de l'intervention du Fonds monétaire international dans la région.
Pris en étau entre le besoin d'accroître la dépense publique pour faire face à la crise sanitaire et la nécessité de faire face à leurs échéances de dette, les pays émergents suscitent actuellement la méfiance des marchés. "Les investisseurs s'attendent aujourd'hui à ce que le choc du coronavirus sur la croissance soit beaucoup plus massif chez les émergents", estime un économiste.
L'arrêt brutal de l'économie mondiale a frappé de plein fouet les revenus de ces pays, faisant dégringoler les prix du pétrole, des matières premières et de l'activité touristique. Dans ce contexte, nombre d’entre eux font face à une sortie massive de dollars que les investisseurs mettent à l'abri sur des marchés moins volatiles. En mars, des sorties de capitaux y ont été quatre fois supérieurs au montant observé en 2008-2009.
De nombreux pays africains pourraient se retrouver dans une situation difficile à l'image de l'Angola ou de la Zambie. Même tendance dans d'autres régions avec l'Equateur, le Sri Lanka, la Tunisie ou le sultanat d'Oman ou Bahreïn. Cette crise pourrait aussi toucher de grandes économies émergentes et les contraindre d'avoir recours au FMI.
Pour leur part, le FMI et la Banque mondiale ont demandé aux créanciers bilatéraux des Etats les plus pauvres de geler les remboursements de dettes afin que ces pays puissent dégager de l'argent pour combattre la pandémie. Un effort insuffisant, selon une centaine d'organisations et d'ONG, dont Oxfam et Save the children, qui ont appelé mardi le FMI et à la BM "à annuler immédiatement le remboursement et le paiement d'intérêts pour le restant de 2020 pour les pays qui sont le plus dans le besoin". 
"Il y a aujourd'hui une prise de conscience qu'il est dans l'intérêt de tous d'éviter au maximum les faillites, que ce soit pour les acteurs privés ou publics", estime un économiste. Pour faire redémarrer l'économie mondiale le plus rapidement possible, "on ne peut pas se permettre que la crise sanitaire devienne aussi une crise des émergents".
La semaine dernière, les ministres des Finances du G20 s'étaient mis d'accord pour appuyer un plan pour répondre au "risque de vulnérabilité à l'endettement des pays à faibles revenus" et pour travailler à la "délivrance rapide d'une assistance financière aux marchés émergents et aux pays en développement".

Quelques faits marquants dans le monde

  • Crainte d’une pénurie de médicaments en Europe. Dans l'attente d'un vaccin contre le nouveau coronavirus, certains médicaments utilisés pour traiter les symptômes de la maladie risquent de manquer en Europe qui compte déjà plus de  50 000 morts. Certains pays commencent à constater des pénuries, indique l'Agence européenne du médicament basée à Amsterdam. La pandémie de covid-19 réduit rapidement les stocks des sédatifs administrés pour l'intubation de patients, des relaxants musculaires, sédatifs, médicaments analgésiques et antipaludéens dont l'utilisation a été encouragée par le président américain Donald Trump.
  • Dix nouveau-nés en Roumanie ont été testés positifs au Covid-19 dans une maternité à Timisoara après avoir sans doute été contaminés par des soignants. Les mamans sont négatives, les bébés en revanche sont positifs. Ils sont cependant en bonne santé et ne présentent pas de symptômes. La Roumanie a pour l'instant recensé un peu plus de 4.000 cas de nouveau coronavirus, dont 176 décès. Environ 700 cas concernent des médecins et des infirmiers.
  • Pour la première fois mardi depuis trois mois la Chine n'a annoncé aucun décès du Covid-19, quelques heures avant la levée du bouclage de Wuhan, la ville épicentre de la maladie. Le pays s'achemine ainsi encore un peu plus vers une sortie de crise face au nouveau coronavirus. Apparu fin 2019 sur son territoire, la Chine avait décrété fin janvier le confinement drastique de plus de 50 millions de personnes à Wuhan, berceau de l'épidémie, et dans le reste de la province du Hubei. A minuit heure locale (16H00 GMT) dans la nuit de mardi à mercredi, les personnes en bonne santé seront autorisées à quitter la capitale provinciale.

La pandémie de nouveau coronavirus a fait au moins 75.000 morts dans le monde, dont près des trois quarts en Europe, depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi matin.
Au total, 75.538 décès ont été recensés, dont 53.928 en Europe, continent le plus touché. Avec 16.523 morts, l’Italie est le pays au monde comptant le plus de décès, suivi de l’Espagne (13.798), des États-Unis (10.993) et de la France (8.911).
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, 1.350.759 cas ont été officiellement déclarés dans le monde, dont plus de la moitié en Europe (708.898), 384.947 aux États-Unis et au Canada (11.332 décès à eux deux) et 122.348 en Asie (4.308 décès).
Le nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu’une fraction du nombre réel de contaminations, un grand nombre de pays ne testant désormais plus que les cas nécessitant une prise en charge hospitalière.
 

Bénédicte de Capèle avec AFP

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