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Un jour à Owando

Samedi 11 Avril 2020 - 16:45

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Nous sommes précisément le jeudi 2 juillet 2009. Ce jour-là, le chef-lieu du département de la Cuvette est animé plus que d’habitude. La campagne électorale en vue du scrutin présidentiel du 12 juillet bat son plein. L’un des candidats à ce rendez-vous, Denis Sassou N’Guesso, sillonne le pays. Justement, quand il foule le sol d’Owando, mis à part les responsables du Parti congolais du travail, la personnalité de poids qui le reçoit, est son prédécesseur à la tête de la République du Congo, son ami d’enfance, et aussi compagnon d’armes, Jacques Joachim Yhombi Opango.

Le leader du Rassemblement pour la démocratie et le développement avait un mois plutôt, le 6 juin, acté son soutien à la candidature du président sortant au cours du meeting tenu au boulevard Alfred-Raoul, durant lequel ce dernier l’avait officiellement déclarée. Jacques Joachim Yhombi Opango, mais aussi David Charles Ganao, dirigeant de l’Union des forces démocratiques et Bernard Kolélas, représenté alors par son fils et membre du directoire de son parti, le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral-MCDDI, Guy-Brice Parfait Kolélas, sont en vue.

Comme dans toute entreprise politique, on sait que Denis Sassou N’Guesso et Jacques Joachim Yhombi Opango s’étaient brouillés pendant de longues années ; que ces dissensions avaient eu de lourdes conséquences sur leur amitié forgée de longue date. Quand le président du RDD rentre au pays en 2007, après dix années d’exil, Owando doit accueillir la fête nationale du 15 août organisée dans le cadre de la municipalisation accélérée. Denis Sassou N’Guesso l’y invite au cours de l’audience qu’il lui accorde à Mpila. La réponse de ce dernier est positive.

Revêtue de ses plus beaux autours pour l’occasion, la ville d’Owando offre une première occasion de réconciliation sur place entre les deux hommes et leurs partisans. Suivons maintenant le propos délivré par le président Yhombi, le 2 juillet 2009, à Owando, lorsqu’il prend place aux côtés du président Sassou sur le lieu du meeting électoral dans la capitale de leur Cuvette commune : « Chers parents, s’il y en a parmi vous qui s’accrochent encore aux déchirements d’hier, je dis que mon frère Denis et moi-même, vivons aujourd’hui dans une parfaite harmonie. Ici à Owando, que ceux qui ont de l’amitié et de l’admiration pour Yhombi fassent de même pour Sassou ». Il s’adressait bien sûr à ses militants, et globalement à la population d’Owando. Il parlait dans sa langue maternelle, le kouyou.

Ce propos fut salué par de longs applaudissements. On peut louer la grandeur et le sens de la mesure de l’homme qui vient de nous quitter loin des siens, et qui a été porté en terre vendredi dernier en France. Une note de consolation pour ceux qui ont connu le président Yhombi et l’ont porté, sa famille se donne le temps de le ramener chez lui, au Congo, et lui reverser les obsèques qu’il mérite lorsque le vent du Covid-19 qui souffle actuellement se sera apaisé.

Gankama N'Siah

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