Procès 100 jours : appels à l’autopsie du corps du juge Raphaël Yanyi

Jeudi 28 Mai 2020 - 14:15

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A qui profite le crime ? La question vaut son pesant d’or dans un procès qui est encore loin de livrer ses secrets.

7SUR7.CDLa nouvelle de la disparition du juge Raphaël Yanyi, celui-là même qui présidait la chambre du Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe dans l’affaire de détournement des fonds du programme de 100 jours, continue à alimenter la chronique. Et pourtant, lors de la deuxième audience qui s’est déroulée à l’ex-prison de Makala, l’homme semblait péter la forme et, c’est avec maestria, qu’il a conduit les débats. Rien, en tout cas, n’augurait un tel dénouement aussi macabre. L’irréparable s’est produit dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 mai, à en croire ses proches tout aussi surpris par cette mort étrange. « Arrêt cardiaque », c’est l’hypothèse qui passe en premier lieu pour justifier ce décès.

D’après le récit recoupé de quelques membres de famille, il appert que le juge Raphaël Yanyi avait débuté sa journée normalement, sans aucune suspicion. Ce n’est que lorsqu’il est rentré à son domicile plus tôt que prévu tout en manifestant quelques signes de faiblesse que des appréhensions sur son état de santé ont commencé à germer dans les esprits. Au fur et à mesure que s’égrenait le temps, la situation s’empirait. L’état de santé du juge s’est dégradé à un rythme accéléré. « Sa peau était devenue toute noire », commente une source proche de la famille qui a vite conclu à un empoisonnement. C’est au centre hospitalier Nganda où il a été amené nuitamment qu’il a rendu l’âme. Les choses sont allées très vite. Les médecins n’ont eu qu’à faire le constat du décès, au grand dam de la famille éplorée.        

Cette mort brusque du juge président dans le procès 100 jours suscite maintes interrogations lorsqu’on sait qu’elle intervient à la veille de la prochaine audience fixée au 3 juin où sont attendus à la barre quelques témoins à charge du directeur de cabinet du chef de l‘Etat, Vital Kamerhe. Dans la foulée, son épouse ainsi que sa belle-fille ont également été citées à comparaitre au cours de cette audience qui promet des étincelles. D’après des analystes, le décès du juge Raphaël Yanyi dessert davantage le leader de l’UNC qui aurait, à en croire la partie civile, promis de mettre le feu au tribunal si les deux précitées venaient à comparaitre ! Une accusation que sa défense a vivement rejetée.   

A ce stade, tout parallélisme entre ces propos controversés de Vital Kamerhe - que seul l’avocat de la partie civile aurait entendu - et le décès du juge Raphaël Yanyi, paraît risqué, voire hasardeux. A qui profite le crime ? La question vaut son pesant d’or dans un procès qui est encore loin de livrer ses secrets. Pour l’heure, des voix s’élèvent pour réclamer qu’une autopsie soit pratiquée sur le corps sans vie du juge. Après l’ouverture d’une information judiciaire autour de ce décès mystérieux, le Parquet de grande instance de Kinshasa Gombe a demandé en urgence au médecin légiste de l'hôpital général de référence de Kinshasa de procéder à l'autopsie du corps du juge Raphaël Yanyi. Dans la foulée, une réquisition de l’officier du ministère public a saisi le médecin directeur général de l’hôpital militaire du Camp Kokolo à Kinshasa pour examiner la dépouille du défunt et déterminer la cause du décès. Pour garantir la fiabilité des résultats, l’Association congolaise pour l’accès à la justice est allée plus loin en exigeant à ce que les échantillons soient envoyés dans un laboratoire spécialisé à l’étranger.    

Quant à la suite du procès en cours, rien de fondamental ne va changer, allèguent des spécialistes. La première conséquence de ce décès va être la désignation d’un nouveau juge et, la deuxième, c’est que l’ensemble des procès-verbaux des deux audiences, qui avaient eu lieu dans cette affaire, vont être revisités. « A priori, au sens procédural, il n’y aura pas d’incidence sur la suite du procès, mais au niveau psychologique, perdre le juge président quand on sait que la précédente audience était tendue, pourrait laisser des traces », affirme une source judiciaire.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le juge Raphaël Yanyi.

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