G5-Sahel : la société civile ouest-africaine propose une nouvelle approche

Vendredi 3 Juillet 2020 - 13:40

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Pour la société civile ouest-africaine, "le tout sécuritaire ne suffit pas", il faut une nouvelle approche dans la région.

C'est ce que réclament des ONG et plusieurs représentants de la société civile ouest-africaine. A savoir un changement d’approche dans la lutte contre les mouvements jihadistes. Pour eux, " la lutte contre le terrorisme ne peut être l’unique horizon de la Coalition internationale pour le Sahel". Malgré "les succès" liés à l'élimination, dans le nord du Mali, du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, par la force française Barkhane, les attaques jihadistes n'ont pas cessé dans la région. Au contraire, elles gagnent de nouveaux pays.  C'est le cas de l'attaque qui a coûté la vie à une dizaine de soldats ivoiriens dans le nord-est du pays, à la frontière du Burkina Faso.

C'est la première attaque jihadiste en Côte d’Ivoire, pays jusqu'ici épargné, depuis les attentats de Grand Bassam en 2016. Face à ces attaques jihadistes qui ne faiblissent pas malgré des milliers de soldats mobilisés et obligent les populations à quitter leurs villages, plusieurs représentants de la société civile ouest-africaine appellent à la mise en place d’une "coalition citoyenne pour le Sahel" pour proposer une nouvelle vision du conflit. Plusieurs acteurs de terrain et experts ont souligné les insuffisances de l’approche actuelle face aux multiples défis auxquels doit faire face la région.

Cette situation a entraîné le déplacement massif de huit cent mille personnes, la confiscation de libertés des femmes, la fermeture de deux mille écoles avec trois cent mille élèves privés de leur droit à l’éducation. Certains membres de la société civile pensent qu'il faut élargir la notion de sécurité et impliquer les populations locales dans la gestion de cette crise. "Les armes dont nous avons besoin, ce sont les armes du développement, pour donner un avenir aux femmes et aux jeunes", martèlent-ils.

Mettre l'accent sur la protection des civils

Pour Abas Mallam, secrétaire général du Réseau nigérien pour la gestion non-violente des conflits, " la lutte anti-terroriste n’a pas créé les résultats escomptés". Il se demande si les interventions au Sahel n’ont pas aggravé la situation : ''On n’a pas vaincu les terroristes et on a créé des problèmes avec le soupçon et la perte de confiance entre les communautés et l’Etat. Il est nécessaire de réorienter la réponse en mettant l’accent sur la protection des civils. On ne peut pas se limiter à l’apparence, il faut travailler sur les causes profondes du conflit."

''Aujourd’hui, la priorité est donnée aux réponses sécuritaires sans consultation des communautés qui sont censées être protégées par les forces de sécurité'', a déclaré Drissa Traoré de l'Association malienne des droits de l'Homme. Malgré une mobilisation sans précédent, les résultats militaires ne sont pas au rendez-vous. Pour Niagalé Bagayoko, présidente d'Africa Security Sector Network, un groupe de réflexion basé à Accra, au Ghana, "la lutte contre le terrorisme ne peut être l’unique horizon de la Coalition internationale".

Drissa Traoré pense que "la coalition citoyenne pourrait contribuer à convaincre les gouvernements de mettre la protection des civils et la sécurité humaine au cœur de la réponse". La société civile ouest-africaine  souhaite "engager un dialogue exigeant et constructif avec les gouvernements de la région et les forces de la coalition internationale" et  propose leur expertise pour s’attaquer ensemble aux causes profondes du conflit.

 

Noël Ndong

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